MOLLY HATCHET : « NO GUTS…NO GLORY ». 1983

Rappelez-vous, nous avons laissé MOLLY HATCHET en 1981, après la sortie de « Take No Prisoners », un bon album, qui hélas, n’a pas su fédérer autour de lui. Les fans purs et durs, ceux de la première heure, n’ont jamais caché leur hostilité envers le chanteur Jimmy Farrar, aussi sont ils aux anges, en apprenant le départ de ce dernier, mais surtout le retour de Danny Joe Brown.

Par contre deux anciens membres du groupe quittent le navire, Banner Thomas (basse) et Bruce Crump (batterie), ils sont remplacés respectivement par Riff West, et B.B. Borden ex Mother Finest. C’est donc avec anxiété que questionnement que l’on attend la parution de la nouvelle galette du groupe. L’album voit le jour en mars 1983. La première chose que l’on remarque, c’est l’absence de toute références à l’héroïc fantasy sur la pochette. Adieu peintures de Frank Frazetta ou de Boris Vallejo. C’est le mythe du western qui s’impose désormais. Une photo dans l’esprit de « Il Était Une Fois Dans l’Ouest ». On y voit les membres du groupe, en véritables despérados, marcher côte à côte dans une rue poussiéreuse, pistolet à la ceinture ou carabine à la main, derrière eux, ce qui semble être un saloon,

et pas l’ombre d’un sourire sur leur visage, ils ne sont pas là pour rigoler, mais pour envoyer du lourd. C’est du moins ce que l’on espère. Peut être est ce un retour vers un rock plus sudiste, plus dans l’esprit des deux premiers albums. La pochette laisse beaucoup de choses en suspens, même si le titre du disque laisse augurer une « virilisation » du propos. « No Guts…No Glory », « Pas De Tripes…Pas De Gloire ». Alors qu’en cette année 1983, le rock traditionnel comme sudiste, s’enfonce plus en plus dans une gange FMisante, aux synthés dégoulinants, MOLLY HATCHET ferait il de la résistance. À l’écoute de l’album, on peut dire que oui. Le groupe continue son Southern Hard Rock, sans regarder vers la ligne directrice musicale qui rapporte de l’argent, et qui apporte avec elle ses horribles synthés FM.

Hélas, c’est reculer pour mieux sauter, car dès le très mauvais album suivant, MOLLY se laissera entraîné par le chant des sirènes, il y laissera son âme et de très nombreux fans déçus et en colère. Mais ça, c’est encore une autre histoire. Dès le premier morceau, « What Does It Matter ? » le ton est donné, on n’a rien à craindre, MOLLY, celui que l’on aime est toujours là fidèle au poste. Le son est rugueux, lourd, ça pulse, ça cavale.

La nouvelle section rythmique fait son boulot sans coup férir, même si je ne suis pas fan du son de la batterie. Les guitares sont bien là, et sonnent divinement bien, un piano bar au milieu du titre, amène son petit côté saloon. Cette première chanson nous tranquillise, si le reste est à l’avenant, on tient une perle.

« Ain’t Even Close » reprend sa cavalcade, les mustangs sont lancés au grand galop, la voix de Danny est toujours aussi colorée, et accroche bien au style de la musique.

L’ensemble donne envie de bouger et de taper du pied en mesure. Les chorus de guitares encore relativement courts, son bien dans l’esprit Southern. Avec « Sweet Dixie » on nage en plein rockabilly sur boosté. C’est sympa, et çà maintient la moyenne du disque en position haute, les chorus colorés et incisifs,

maintiennent la tension du morceau. Si on se penche sur les quatre premiers albums de MOLLY HATCHET, on se dit, que curieusement à aucun moment le groupe n’a composé d’hymne dans le style du « Free Bird » de Lynyrd Skynyrd, alors qu’il en a tout à fait les capacités, et c’est un regret que l’on partage avec de très nombreux aficionados du groupe. Et bien ça y est, MOLLY a réparé cette lacune.

Un morceau d’anthologie figure en quatrième place sur le CD, en fin de première face sur le vinyle. « Fall Of The Peacemakers ».

Une fantastique ballade en deux parties, la première calme, belle, acoustique s’impose immédiatement, petit à petit on sent quelle monte en puissance, que le volcan est en train de se réveiller, que très bientôt il va entrer en éruption. les chorus sont de toute beauté, et participent à l’ambiance merveilleuse de la chanson. À un peu plus de quatre minutes, le morceau semble se terminer, avant qu’un riff de guitare ne vienne lancer la deuxième partie, dans une ruée violente et sauvage, où les trois guitaristes s’en donnent à cœur joie, se répondant durant plus de trois minutes, dans des échanges gorgés de feeling, où chacun rivalise de dextérité, d’adresse, de plaisir à combler nos oreilles ravies et comblés. Un pur chef d’œuvre qui se termine trop tôt, on en veut encore.

« What’s It Gonna Take » rappelle le premier titre de l’album,

même puissance, même cavalcade infernale, même plaisir à l’écouter. « Kinda Like Love » calme le jeu, l’ambiance est Southern Rock mais dans une version beaucoup plus légère,

plus country, le hard a disparu pour faire place à une vraie musique de cowboy, ça sent l’écurie, les chevaux, l’ouest américain. « Under The Gun » le hard rock’n’roll fait son retour à toute vitesse telle une bonne vieille locomotive à vapeur,

crachant feu et fumée, un orgue Hammond accompagne des guitares virevoltantes, déchainées, impatientes d’envoyer leur musique à l’assaut des nuages de vapeur de la locomotive en furie. « On The Prowl » un mid tempo sudiste à souhait,

lourd comme une onde de chaleur qui s’abat sur un cavalier dans la prairie, « à l’affut » du moindre coin d’ombre et d’eau. Un titre qui vous donne soif…

« Both Sides » commence en acoustique, toutes guitares dehors, avant l’arrivée de la fée électrique, secondé d’un piano bien venu.

Cet instrumental contient son lot de chorus de six cordes comme on les aime, feeling, retenue, dextérité. En fin de compte, voilà un album parfait de bout en bout. Aucune faiblesse, un chef d’œuvre de plus huit minutes qui ravit les oreilles et les cœurs, et que l’on espérait depuis longtemps. Pour le retour de son premier chanteur, MOLLY à sorti les couverts d’argent et la vaisselle de porcelaine. C’est riche, c’est beau et ça impressionne. Même si au fond de moi, j’ai une préférence pour le génial « Beatin’ The Odds ».

MOLLY HATCHET a pondu un bel album, dans la droite ligne des albums précédents, mais qui sonne le glas du Southern Hard Rock Boogie. Dès l’horrible prochain album, l’image de ce grand groupe américain, s’effritera et s’écroulera. Il s’auto-parodira dans un avenir proche, et dans les années suivantes deviendra inutilement un Tribute Band, s’appropriant un nom qu’il ne devrait plus porter!!! Mais ça c’est encore une autre histoire.

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One thought on “MOLLY HATCHET : « NO GUTS…NO GLORY ». 1983

  1. Hugo Spanky dit :

    Je l’ai adoré à sa sortie ce disque pour toutes les raisons que tu évoques, mais avec le recul je trouve en lui les prémices de ce qui va suivre. Sa production est plutôt lisse, les morceaux sont calibrés pour ratisser large, et pas mal de mélodies sont flatteuses. Ils cherchent déjà le consensus. Bon, ça fonctionne encore largement bien, surtout quand on connait la suite, ceci dit, comme toi, je préfère largement réécouter les albums précédents.

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