THE BLUE ÖYSTER CULT : « TYRANNY AND MUTATION ». 1973

La trilogie « Noire et Blanche ». C’est ainsi que l’on a appelé les trois premiers albums du Blue Öyster Cult. Pourquoi? Tout simplement parce que ces trois disques possèdent des dessins de pochette noir et blanc. Des formes géométriques pour les deux premiers, et un dessin pour le troisième, « Secret Treaties ». Si le premier album posait les jalons de ce qui deviendrait un des groupes les plus importants de la scène Rock Hard Métal américaine de la fin du siècle, le deuxième disque « Tyranny And Mutation » consolidait les fondations du ténébreux empire de l’Huitre Bleue, et commençait la construction d’un glorieux édifice. La tournée qui a suivi la sortie de l’album « Blue Öyster Cult » leur a permis de faire leurs premières armes devant un public nombreux, et de gagner une réputation de groupe scénique, les trois guitaristes y étant pour beaucoup. En faisant les premières parties d’Alice Cooper, ils ont pu constater l’impact que pouvait avoir un bon jeu de scène, et combien les vêtements portés durant un concert étaient importants. L’importance de l’image, primordial pendant un show.

Du coup, Eric Bloom et Buck Dharma, tels deux anges ou deux démons, se présentaient dorénavant sur scène, l’un tout de cuir noir vêtu, alors que l’autre était en cuir blanc immaculé. Le jeu de scène était plus travaillé, plus visuel. En 1973, BÖC sort son second album « Tyranny And Mutation ». Il est divisé en deux. La face A se nomme « The Black », la face B « The Red », chacune se compose de quatre chansons. La face « Black » est violente, rapide, agressive, musclée, la « Red » est plus mélodique, plus lumineuse, plus soul, plus intellectuelle. Une chose commune aux deux faces, un humour particulier, qui semble lui aussi venir d’une autre galaxie. Pour de nombreux critiques et une partie des fans, cet album est la « Pierre Angulaire » du groupe, son meilleur album. Personnellement je ne serais pas aussi formel, même si ce disque est remarquable. Je pense qu’il fait simplement parti des meilleurs. On entre tout de suite dans le vif du sujet, avec le premier morceau « The Red And The Black » et on se dit, tiens ça me rappelle un morceau de

l’album précédent « I’m On The Lamb But I Ain’t No Sheep » et oui c’est quasiment le même, plus travaillé, mieux écrit, plus rapide, plus tendu, plus nerveux, avec un chorus de guitare sec et volubile. Une ligne de basse en solo, annonce la fin prochaine du morceau.

« O.D.’d On Life Itself », Rock Blues infernal et hypnotique, voyage initiatique à l’orée de notre conscience, de notre dimension, les fondations bien rivées au sol, la tête s’évade, le cerveau s’envole, mais les pieds restent bien collés sur terre, interdisant au corps de quitter son enveloppe charnelle, lui permettant ainsi de ne pas s’envoler lui même, et de regagner sa coquille protectrice à la fin de la chanson. L’écoute prolongée du BÖC ne nuit pas à notre santé, mais envoie des ondes de plaisir perturbatrices modifiant notre cortex cérébral, et notre disque dur interne. Vous voyez ce que je veux dire? OK! Je continue. « Hot Rails To Hell » et ses riffs infernaux nous ouvre les portes de l’enfer. Tel un bulldozer, le titre déverse sa furie, écrasant tout ce qui se trouve sur son chemin. Le hard se fait métal lourd, lave en fusion,

les guitares illuminent la route, la batterie est assassine et la basse tire à boulets rouges. Voilà un bel hymne pour les damnés de la galaxie. « 7 Screaming Diz-Busters » et ses sept minutes, est le morceau le plus long de l’album, c’est également lui qui clôt en beauté la face « Black ». Toujours ces riffs de trois tonnes, vitesse, changement de rythmes, accompagnent d’imparables mélodies.

Ça joue très vite, mais sans précipitation, tout coule avec aisance dans cette jam session Rock’n’Rollienne, brutale, virile, insensée et subtile. Cette première face se termine en apothéose, et nous offre quatre diamants à admirer.

« Baby Ice Dog » première chanson de la face « Red » est due à la plume de Patty Smith. On peut hélas dire que c’est également la seule faiblesse de ce disque. Piano et guitares se retrouvent,

mais l’histoire qu’ils racontent n’est hélas pas des plus intense, ni intéressante, elle est fade et manque cruellement de saveur. On passe à la suivante. « Wings Wetted Down » qui possède un petit côté Black Sabbath, qui n’est pas pour me déplaire.

Le tempo est médium, et se rapproche du rythme d’une ballade, avec quelques accélérations ici et là. La chanson maintient l’auditeur en haleine grâce à une construction riche de nombreux petits détails. Une jolie réussite. « Teen Archer » accélère le rythme et monte vers un enchevêtrement de guitares, qui se mêlent dans une orgie sonore, toujours sous contrôle, qui ne cède jamais à une quelconque facilité dans un registre Hard, où pourtant,

les clichés s’accumulent chez de nombreux groupes. Break, sur une batterie qui roule et tonne, entrainant le morceau vers sa conclusion.

« Mistress Of The Salmon Salt (Quicklime Girl) » s’annonce comme une épopée, aux rebondissements sensuels, chaque musicien domine son instrument, et le fait vibrer divinement. Les riffs succèdent aux mélodies, et les mélodies succèdent aux riffs.

La batterie assure une belle présence, sur ce titre riche en ambiances, où les guitares chantent leurs amours, leurs peines. C’est ainsi que s’achève cette face « Rouge » et cet album. Indéniablement de meilleur qualité que le précédent album, « Tyranny & Mutation » enfonce le clou posé par BÖC dans le premier disque. Tout y est plus vrai, plus posé, plus intense, plus mature. Les riffs sont lourds à souhaits, et les mélodies se font insistantes. Les ballades livrent bataille aux Rocks, dans des joutes sanglantes et des improvisations suicidaires, entre orgue et guitares. Avec une face « Black » bodybuildée, hallucinée, guitaro-suicidaire, et une face « Rouge » plus intellectuelle, plus improvisée, riffée à cent à l’heure, « The » Blue Öyster Cult, comme il est marqué sur la pochette de l’album pour la première et dernière fois, a trouvé la formule gagnante,

entre férocité, et sophistication, complexité et hallucinations, psychédélisme et métal incandescent. Grâce à cet album le BÖC gravit un échelon supplémentaire dans la hiérarchie Rock’n’Rollienne, et dans le cœur des fans et de nombreux amateurs de Rock. L’album s’installe dans les charts US et y reste classé durant treize semaines. La réédition de l’album en 2001, comprend quatre titres bonus, inédits, dont trois enregistrés en public. En 1974, BÖC sort le troisième album de la « trilogie noire et blanche » « Secret Treaties », mais ça c’est déjà une autre histoire…

One thought on “THE BLUE ÖYSTER CULT : « TYRANNY AND MUTATION ». 1973

  1. pat dit :

    Bonjour, tout à fait d’accord. J’ai découvert ce disque en 1973 dès sa sortie. Je l’ai adoré surtout la face black. Je n’aimais pas trop la face rouge. Bizarrement j’ai fais un blocage sur les 2 autres albums. déçu par la face rouge je pense. Les années ont passé et j’ai trouvé le 1er dans une foire au disque il y a 4 ou 5 ans et je l’ai acheté. Quelle claque ! Quelle déception d’avoir perdu tout ce temps sans connaitre cet album, magistral de A à Z sans une seule faiblesse. Du coup, j’ai trouvé moyen Tyranny and mutation avec sa face rouge qui m’avait tant déçue. J’ai cherché « Secret treaties » et nouvelle claque, encore meilleur que le 1er !!!! excellentissime de A à Z aussi. Pour moi, Tyranny est donc le moins bon des trois (Mais la face « black est grandiose). CQFD.

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