LEE TAMAHORI : « L’ÂME DES GUERRIERS ».1994

Parfois vous sortez d’une salle de cinéma complètement groggy, encore sous le choc ou le charme d’un film, vous demandant même si c’est vraiment ce film que vous venez de voir. Bien sur, ce sentiment a tendance à se faire rare, et c’est bien dommage. Les films actuels sont peut être un peu trop « aseptisés », trop dans la norme, dans le courant, caressant trop le spectateur dans le sens du poils.

Heureusement, de temps en temps, un « ovni » débarque, et nous flanque un aller-retour qui nous laisse pantois … On trouve en DVD un de ces phénomènes, trop rare à mes yeux, qui nous plonge d’une manière « très » énergique, brutale et sans fard, dans la vision de la mort d’un couple, la mort de son amour. Mais d’une façon complètement opposée à ce que pourrait faire un cinéaste français ou même américain. Ici nous sommes dans un univers de force brute, où les coups pleuvent avec violence et acharnement.

Le cadre, une ville du moins la banlieue, le suburb, en Nouvelle-Zélande, et ce drame familial se passe dans une famille appartenant à une ethnie bien particulière, les Maoris. Longtemps spécialisé dans les spots publicitaires le réalisateur Lee Tamahori, nous livre ici une tragédie poignante, d’une force rare. La communauté Maori, une famille, un mari au chômage, porté sur la bière, supporté par ses amis tous aussi violents et agressifs que lui, cognant sur tout et n’importe qui, une pauvreté sociale horrible, les conflits familiaux qui naissent et perdurent dans cette atmosphère lourde et moite.

« … Jake, descendant d’esclaves noirs, passe ses soirées à boire ou à se bagarrer au pub. Il brutalise sa femme Beth et provoque la révolte de son fils aîné, Nig. Pour défendre sa mère, ce dernier rejoint le gang Toa qui a remis à l’honneur les rites des guerriers Maoris. Mais une nuit, un drame éclate qui marquera à jamais la famille et obligera Beth à un choix douloureux pour son salut… » 

Ce film est un véritable thriller, que l’on suit comme hypnotisé par tant de puissance et de désespérance… On pourrait presque croire à un documentaire, un reality show, tant nous sommes investis dans le drame. Les acteurs sans exceptions sont tous remarquables, la mari Jake interprété par l’impressionnant Temuera Morisson, dut prendre dix kilos et faire plusieurs mois de musculation pour devenir cette énorme brute, force de la nature, aux changements d’humeur aussi rapides que violents, surtout envers sa femme,

qu’il tape comme un fou quand l’alcool de la bière envahit trop son cerveau. Et il la frappe, sans pudeur, avec une haine que l’on devine féroce, surtout au visage, là où cela se voit. Et pourtant il n’est ni bête, ni assassin sanguinaire, non, c’est simplement un homme perdu au milieu de nulle part, borné, ne sachant s’exprimer qu’avec ses poings. Et malgré tout çà, son épouse Beth, merveilleusement jouée par Rena Owen, tient toujours, du moins essaie de tenir sa maison et sa famille, sous les reproches incessants de son mari.

Elle est d’origine noble, et sa Jake le supporte de moins en moins. Pourtant depuis dix-huit ans, malgré tout elle est toujours là, car il y a les enfants, vivants dans ce climat de violence quasi permanent, l’ainé Nig intègrera un gang aux rites initiatique « éprouvant » et pour qui la culture Maori et ces tatouages sont des symboles vitaux. Et il y a aussi des enfants plus petits, Boogie, petit délinquant qui rentrera dans une maison de correction, où un professeur lui apprendra les coutumes de ses ancêtres, Grace, la fille ainée qui aide sa mère et s’occupe également de la maison et des  deux petites dernières.

Et tous les soirs, les beuveries de Jake, de son frère et de ses copains finissent toujours à la maison, dans un chaos par trop quotidien. Mais un drame, le viol de Grace aura sur toute la famille des répercutions dramatiques… Récompensé par vingt et un Prix à travers le monde, « L’ÂME DES GUERRIER » est à voir ABSOLUMENT!!!

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