JEFF HEALEY est né à Toronto le 25 mars 1966. Abandonné à la naissance, il est adopté par un pompier. Le malheur n’étant pas suffisant, il naît avec une forme rare du cancer des yeux, à l’âge d’un an, il devient aveugle. Cette maladie il la combat toute son existence. Il reçoit sa première guitare quand il a trois ans, et apprend à jouer tout seul, mais sa main gauche n’est pas assez grande, aussi joue-t-il, l’instrument posé entre les cuisses et les genoux, la main gauche allant et venant sur les cordes, comme un piano.
A six ans, il se produit déjà en public, joue dans différentes formations, et s’essaie à différents styles musicaux. Il a quatorze ans, lorsqu’il devient le spécialiste du secteur musique du Canadian Broadcasting Corporation, sélectionnant les disques son émission de radio hebdomadaire. « … J’ai progressé à travers tous les styles de musique durant mon adolescence, en tant que guitariste et chanteur, en particulier grâce au jazz et à la pop du début du XXe siècle… » J’ai toujours su qu’un jour je ferai parti du monde musical… »
« CONFIDENCE MAN«
Reconnu comme « prodige musical », il est remarqué par un des grands ainés du blues, Albert Collins, qui l’invite à jammer avec lui à l’Albert Hall de Toronto. Des années plus tard, il fera de même, comme pour un examen d’entrée dans le « Club » avec Stevie Ray Vaughan,
et avec B.B King en 1986. Son statut de star de la musique canadienne devient vite un fait acquis. Durant cette période, les jams sessions du dimanche soir à la Grossman’s Tavern de Toronto sont devenues le rendez-vous incontournable du « who’s who » de la scène rock nord américaine,
« MY LITTLE GIRL«
Robbie Robertson, Downchild Blues Band, Bob Dylan, Stevie Ray entre autre. C’est là, que JEFF HEALEY rencontre un soir le batteur TOM STEPHEN et le bassiste JOE ROCKMAN. La décision de former un groupe se fait jour. Les trois musiciens tournent et se font connaître.
En 1988 le groupe attire l’attention d’un des responsables de Arista Records U.S. Le groupe multiplie les concerts, et enregistre son premier album SEE THE LIGHT,
« RIVER OF NO RETURN«
comprenant des chansons originales et d’excellentes reprises de John Hiatt, ZZ Top, Freddie King, Keith Reid. Le succès est immédiat des deux côtés de l’Atlantique. CONFIDENCE MAN entre au Top Ten, le groupe passe à la télévision, dans différentes émissions musicales, Late Night et Tonight Show. L’album est au sommet des hits au Canada, et devient disque de Platine aux Etats-Unis. JEFF HEALEY est également nominé aux Grammy Awards aux côtés de Santana pour le Meilleur Instrumental avec HIDEWAY. Durant cette période, HEALEY est contacté par Jimmy Lovine pour la bande sonore d’un film avec Patrick Swayze et Sam Elliot, Roadhouse.
« DON’T LET TOUR CHANCE GO BY«
Le JEFF HEALEY BAND y interprète un groupe de bar, jouant des reprises, nous sommes en 1989« …Les trois années suivant la sortie de SEE THE LIGHT furent dingues, déclare HEALEY,…des concerts non-stop, dans le monde entier, des émissions de télévision de radios, avec seulement trois mois de break uniquement pour écrire et enregistrer le nouvel album… »
« ANGEL EYES«
Durant cette tournée le JEFF HEALEY BAND s’arrête à Paris et donne un concert phénoménal le mercredi 17 mai 1989, à guichets fermés, à La Cigale, avec Johnny » L’Australien » Diesel en première partie, qui reviendra pour un final endiablé, rappelé par HEALEY lui-même.
« NICE PROBLEM TO HAVE«
Ceux qui comme moi ont vu ce concert en garde encore des picotements dans les yeux, quand en plein chorus JEFF se lève et se convulsionne, habité par son solo, arpentant la scène comme un forcené, avant que son bassiste ne se colle à son dos pour lui indiquer le chemin pour retourner s’assoir… Frissons garantis…
D’autres albums suivent, mais aucun n’aura l’impact émotionnel du premier, même s’ils sont de qualité. Puis il se tourne vers sa véritable passion : le jazz traditionnel des années 1920, 30 et début 40. Il enregistre trois albums, dans lequel il joue également de la trompette, et de la clarinette. Grand collectionneur de vinyles, il en possède plus de 25 000.
« SOMEDAY, SOMEDAY«
Avec sa formation jazz, The Jazz Wizards il joue les samedis après-midi et avec son groupe de rock, tous les jeudi soirs, toujours dans le même club, sur la Bathurst Street à Toronto, club qui s’agrandit en déménageant et prend le nom de Jeff Healey’s Roadhouse en hommage au musicien.
« I NEED TO BE LOVED«
Il présente aussi deux émission de jazz, une sur CBS Radio « My Kind Of Jazz« , l’autre sur CJRT-FM Toronto, et les disques qu’il y programme viennent de sa propre collection de 25 000 vinyles… Le 11 janvier 2007, il se fait opérer de tissus cancéreux sur les poumons, alors que l’on vient de l’opérer des deux jambes pour les même raisons. Le 2 mars 2008, JEFF HEALEY meurt d’un cancer au Saint Joseph’s Health Centre dans sa ville de Toronto. Il à 41 ans.
Pour l’instant nous sommes en 1988 et SEE THE LIGHT vient juste de sortir… Un guitariste totalement inconnu, vient de pondre avec son groupe un album absolument remarquable, le gars joue de la guitare comme un maître, feeling, virtuosité, implacable !!! la production est parfaite, et en plus il chante bien.
« BLUE JEAN BLUES«
Dès le premier morceau CONFIDENCE MAN on est dans le vif du sujet. Une rythmique bien carrée, basse et batterie à l’unisson, ce qui permet à JEFF HEALEY de s’envoler dans des chorus stratosphérique. Le type est vraiment époustouflant !!! Quand on apprend que JEFF est aveugle et qu’il joue la guitare posée sur les cuisses, on se demande comment il peut faire pour sortir de telles grappes de notes.
Les morceaux s’enchaînent sans faiblesse. ANGEL EYES le cinquième titre, est un très beau slow-blues, remplit de tendresse, la guitare est cajoleuse et semble flotter dans l’éther… Quel guitariste, à chaque morceau il en remet une couche, sans forcer, naturellement, ça coule entre ses doigts… Au neuvième morceau, grande claque, une version monstrueuse du BLUE JEAN BLUES du ZZ Top,
« THAT’S WHAT THEY SAY«
et quelle reprise, très retenue d’abord, des notes sèches, il nous parle avec ses cordes, et puis d’un seul coup la bourrasque se lève, le son devient plus fort, plus gros, emplit l’espace, et la tempête se calme soudainement comme elle est venue, mais ce n’est pas fini, JEFF refait monter la sauce pour le final, ouah !!! Grand, très grand…
La reprise de Freddie King HIDEWAY,
n’est pas piquée des hannetons non plus, ça groove méchamment, l’instrumental est magnifique. Depuis combien de temps n’avions nous pas entendu une guitare pareille ??? Stevie Ray je pense, d’ailleurs il dit de JEFF « …Il va révolutionner la façon dont la guitare peut être jouer… »
Mais le plus dingue reste à venir le dernier morceau, wah-wah en bandoulière, JEFF HEALEY nous assassine à grands coups de six cordes tendues comme l’arc d’Ulysse. Le morceau SEE THE LIGHT
met le feu, c’est une tuerie, ni plus, ni moins. Ce type possède des doigts magiques, il a été touché par la grâce, il a un don. Sa guitare nous emmène au pays des mille et une nuits, et on écoute hébété les fabuleuses histoires qu’il nous raconte.
Merci JEFF…. Et tu sais, nous pensons énormément à toi…
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