GRAEME ALLWRIGHT : « LE JOUR DE CLARTE ». 1968

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Nous avons tous, des albums fétiches, des disques qui nous ont accompagnés à certains moments de notre vie, et pour qui nous ressentons toujours une affection particulière. La première fois que j’ai entendu GRAEME ALLWRIGHT, j’ai d’abord adoré son timbre de voix, et lorsque j’ai écouté « Le Jour De Clarté« , j’ai ressenti comme un déclic. La musique dépouillée de ses artifices, rien que l’essentiel, comme chez Brassens, et puis des paroles magnifiques, traitant de tout, d’amour, d’amitié, d’enfance, de l’esclavage, de l’absurdité de la guerre, tout ce dont la majorité des autres ne chantaient pas. Et puis ces merveilleuses adaptations de Leonard Cohen,

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de Tom Paxton, Woody Guthrie, Pete Seeger, et Bob Dylan. Durant mon service militaire, j’avais emmené une petite radio cassette, et le soir dans mon lit, cachée sous mon oreiller, j’écoutais tout doucement « Le Jour De Clarté« … C’est vrai, pour moi, ce disque a une résonnance particulière. GRAEME ALLWRIGHT est né le 7 novembre 1926 à Wellington en Nouvelle Zélande. Après l’obtention d’une bourse pour intégrer une compagnie théâtrale londonienne, il décide de venir en France, nous sommes en 1948.

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GRAEME est toujours acteur de théâtre, à la Comédie de St Etienne, et fait en plus des petits boulots au sein même du théâtre. Parallèlement il devient apiculteur, animateur amuseur pour les enfants hospitalisés, et professeur d’anglais. Il se marie, et durant de nombreuses soirées, il charme ses amis par ses qualités de chanteur, et par ses ballades folk.

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Encouragés par ses derniers, il vient sur la capitale au début des années 60′, et chante dans des cabarets, « La Contrescarpe« , un de ses amis stéphanois Genny Detto l’accompagne. Il rencontre d’autres musiciens de folk song au Centre Américain de Paris. GRAEME séduit par son talent un des grands de la chanson française à texte  Mouloudji, qui lui fait enregistrer un premier disque « Le Trimardeur« , en 1965, sans grand succès.

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Il signe tout de même un contrat avec le label Philips/Mercury pour un second album, en 1966 « Joue, Joue, Joue » qui marche beaucoup mieux. L’album contient de grands morceaux « Qui A Tué Davy Moore » de Bob Dylan, « Ca Je Ne L’Ai Jamais Vu » une petite chanson pleine d’humour, « Petites Boites »  « Johnny« . GRAEME commence à se faire connaitre, ses chansons passent en radio. Il fait partie des premiers chanteurs à faire découvrir à la France le folk américain, et le Protest-Song.

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Il permet également aux Français de mieux connaitre les titres de Leonard Cohen, de même qu’il traduit en anglais les chansons de Georges Brassens pour les faire connaitre à un public anglo-saxons. C’est en 1968 que sort « Le Jour De Clarté« , son plus grand succès. Des textes forts, puissants ou tendres posés sur de magnifiques mélodies. Qui n’a jamais entendu ‘Petit Garçon« , cette merveilleuse chanson sur Noël.

Et puis bien sur la découverte de l’adaptation française de « Suzanne« 

Suzanne t’emmène écouter les sirènes
Elle te prend par la main
Pour passer une nuit sans fin
Tu sais qu’elle est à moitié folle
C’est pourquoi tu veux rester
Sur un plateau d’argent
Elle te sert du thé au jasmin
Et quand tu voudrais lui dire
Tu n’as pas d’amour pour elle
Elle t’appelle dans ses ondes
Et laisse la mer répondre
Que depuis toujours tu l’aimes
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n’as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une flamme brûle dans ton cÅâ ur
Il était un pêcheur venu sur la terre
Qui a veillé très longtemps
Du haut d’une tour solitaire
Quand il a compris que seuls
Les hommes perdus le voyaient
Il a dit qu’on voguerait
Jusqu’à ce que les vagues nous libèrent
Mais lui-même fut brisé
Bien avant que le ciel s’ouvre
Délaissé et presqu’un homme
Il a coulé sous votre sagesse
Comme une pierre
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n’as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une flamme brûle dans ton coeur
Suzanne t’emmène écouter les sirènes
Elle te prend par la main
Pour passer une nuit sans fin
Comme du miel, le soleil coule
Sur Notre Dame des Pleurs
Elle te montre où chercher
Parmi les déchets et les fleurs
Dans les algues, il y a des rêves
Des enfants au petit matin
Qui se penchent vers l’amour
Ils se penchent comme ça toujours
Et Suzanne tient le miroir
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n’as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une blessure étrange dans ton cœur

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et de « L’Etranger » de Leonard Cohen

Tous les hommes que tu as connus
Te disaient qu’ils ne voulaient plus
Donner les cartes pris comme dans un piège
C’est dur de retenir la main
D’un homme qui cherche plus loin
Qui veut atteindre le ciel pour se livrer
Et qui veut atteindre le ciel pour se livrer

Puis ramassant les cartes
Qui sont restées là sur la table
Tu sais qu’il t’a laissé très peu pas même son rire
Comme tous les joueurs il cherchait
La carte qui est si délirante
Qu’il n’aura plus jamais besoin d’une autre
Qu’il n’aura plus jamais besoin d’une autre

Un jour penchée à ta fenêtre
Il te dira qu’il veut renaître
Au monde que ta tendresse lui cache
Et sortant de son portefeuille
Un vieil horaire de train, il dit:
Je t’avais prévenue je suis étranger
Je t’avais prévenue je suis étranger

Maintenant un autre étranger
Semble vouloir que tu ignores ses rêves
Comme s’ils étaient le fardeau d’quelqu’un d’autre
Tu as vu cet homme déjà
Donner les cartes avec son bras en or
Mais maintenant tu vois sa main est figée
Oui maintenant tu vois sa main est figée

Mais tu n’aimes pas regarder
Un autre homme fatigué
Déposer toutes ses cartes comme une défaite
Tandis qu’il rêve jusqu’au sommeil
Dans l’ombre tu vois comme une fumée
Une route qui monte derrière sa tête
Une route qui monte derrière sa tête

Tu lui dis d’entrer et de s’asseoir
Et en te retournant tu vois
Que la porte de ta chambre reste ouverte
Et quand tu prends sa main, il dit
N’aie pas peur ma tendre amie
Ce n’est plus moi, oh mon amour, l’étranger
Ce n’est plus moi, oh mon amour, l’étranger

J’ai attendu toujours certain
De te revoir entre les trains
Bientôt il va falloir en prendre un autre
Oh je n’ai jamais eu tu sais
Pas le moindre plan secret
Ni personne pour me conduire
Et tu te demandes ce qu’il cherche à dire
Oui tu te demandes ce qu’il veut dire

En bas au bord du fleuve demain
Je t’attendrai si tu veux bien
Là tout près du pont qu’ils construisent
Puis quitte le quai pour un wagon-lit
Tu sais qu’il cherche un autre abri
Qu’il n’avait jamais été un étranger
Qu’il n’avait jamais été un étranger

Et tu dis d’accord, le pont ou bien ailleurs, je viendrai

Puis ramassant les cartes
qui sont restées là sur la table
Tu sais qu’il t’a laissé très peu pas même son rire
Comme tous les joueurs il cherchait
La carte qui est si délirante
Qu’il n’aura plus jamais besoin d’une autre
Qu’il n’aura plus jamais besoin d’une autre

Un jour penchée à ta fenêtre
Il te dira qu’il veut renaître
Au monde que ta tendresse lui cache
Et sortant de son portefeuille
Un vieil horaire de train, il dit:
Je t’avais prévenue je suis étranger
Je t’avais prévenue je suis étranger…

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 « Jusqu’à La Ceinture » et ses accents anti militariste,

En mil-neuf-cent-quarante-deux,
Alors que j’étais à l’armée,
On était en manoeuvre dans la Louisiane
Une nuit au mois de mai.
Le capitaine nous montre un fleuve
Et c’est comme ça que tout a commencé.
On avait de la flotte jusqu’aux genoux
Et le vieux con a dit d’avancer.

Le sergent dit: « Mon capitaine,
Êtes-vous sûr que c’est le chemin? »
– Sergent, j’ai traversé souvent
Et je connais bien le terrain.
Allons, soldats, un peu de courage!
On n’est pas là pour s’amuser. »
Y’en avait jusqu’à la ceinture
Et le vieux con a dit d’avancer.

Le sergent dit: « On est trop chargés.
On ne pourra pas nager. »
– Sergent ne sois pas si nerveux.
Il faut un peu de volonté.
Suivez-moi: je marcherai devant.
Je n’aime pas les dégonflés. »
On avait de la flotte jusqu’au cou
Et le vieux con a dit d’avancer.

Dans la nuit, soudain, un cri jaillit,
Suivi d’un sinistre glou-glou
Et la casquette du capitaine
Flottait à côté de nous.
Le sergent cria: « Retournez-vous.
C’est moi qui commande, à présent. »
On s’en est sortis juste à temps.
Le capitaine est mort là-dedans.

Le lendemain, on a trouvé son corps
Enfoncé dans les sables mouvants.
Il s’était trompé de cinq cents mètres
Sur le chemin qui mène au camp.
Un affluent se jetait dans le fleuve
Où il croyait la terre tout près.
On a eu de la chance de s’en tirer
Quand le vieux con a dit d’avancer.

La morale de cette triste histoire,
Je vous la laisse deviner
Mais vous avez peut-être mieux à faire.
Vous ne vous sentez pas concernés
Mais chaque fois que j’ouvre mon journal,
Je pense à cette traversée.
On avait de la flotte jusqu’aux genoux
Et le vieux con a dit d’avancer.
Y’en avait jusqu’à la ceinture…
Etc…

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Les très forts et puissants « Jour De Clarté« 

On peut chanter tous les poèmes des sages,
On peut parler de l’humilité
Mais il faut s’unir pour abolir
Injustice et pauvreté.
Les hommes sont tous pareils,
Ils ont tous le même soleil.
Il faut, mes frères, préparer
Le jour de clarté,
Quand tous les affamés
Et tous les opprimés
Entendront tous l’appel,
Le cri de liberté,
Toutes les chaînes brisées
Tomberont pour l’éternité.

On peut discuter sur les droits de l’homme,
On peut parler de fraternité
Mais que les hommes
Soient jaunes ou blancs ou noirs,
Ils ont la même destinée.
Laissez vos préjugés,
Rejetez vos vieilles idées,
Apprenez seulement l’amitié
Pour que les affamés
Et tous les opprimés
Entendent tous l’appel,
Le cri de la liberté.
Toutes les chaînes brisées
Tomberont pour l’éternité.

On ne veut plus parler de toutes vos guerres
Et on ne veut plus parler
De vos champs d’honneur
Et on ne veut plus rester les bras croisés
Comme de pauvres spectateurs.
Dans ce monde divisé,
Il faut des révoltés
Qui n’auront pas peur de crier
Pour que les affamés
Et tous les opprimés
Entendent tous l’appel,
Le cri de la liberté.
Toutes les chaînes brisées
Tomberont pour l’éternité.

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et « La ligne Holworth« .

Ted Holworth était un notable
Dont l’argent venait de la mer
Tous les paroissiens respectables
Admiraient sa piété de fer {2x}
Sans doute il ne confondait guère
Les affaires et les sentiments
Mais sa parole était sincère
C’est du moins ce que disaient les gens {2x}.
Il avait tout d’un homme honnête
Mais il faut vous dire la vérité
Il était noir sous l’étiquette
Et ses bateaux étaient damnés {2x}
Ils transportaient aux antipodes
De’ hommes attachés par le pied
Bagnards de sang ou de maraude
Et criminels de majesté {2x}.
Ils avaient offensé la Reine
Ou bien massacré pour voler
Mais ils tiraient à la même chaîne
Que des innocents humiliés {2x}
Ceux-là s’en allaient vers l’enfer
Pour un crime abominé
Ils n’avaient pas voulu se taire
Par amour de la vérité {2x}.
La coque était puante et noire
Les gardiens comme des loups
Tant de misère, de désespoir
Avaient de quoi vous rendre fou {2x}.
Depuis le monde a bien changé
La ligne Holworth a fait peau neuve
Elle est très bien considérée
Sa réussite est un chef d’œuvre {2x}
Il n’y a plus de bagnards dans les cales
Mais les marins crient comme avant
Sous son pavillon triomphal
Elle transporte des émigrants.

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GRAEME ALLWRIGHT  est un vrai chanteur, un interprète qui préfère se glisser dans les mots des autres, quand le texte lui correspond. Ses textes sont des appels au non conformisme, à la dénonciation de toutes les injustices, des appels à la Liberté, chantés sur des musiques folk ou blues.

« Viendras-Tu Avec Moi« 

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Jamais intéressé par le showbiz, gêné par son succès, craignant de perdre sa liberté, terriblement troublé par ce triomphe trop rapide, auquel il ne s’attendait absolument pas,

« Je Perds Ou Bien Je Gagne« 

il préfère s’exiler, voyager à travers le monde, Egypte, Soudan, Indes, Etats-Unis y enregistrer des albums pour notre plus grand plaisir, et pour le sien,

« Ne Laisse Pas Partir Ta Chance« 

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« Garde Le Souvenir« 

à 89 ans, il poursuit sa route de troubadour des temps modernes, donne toujours des concerts, avec cette même énergie positive, ce même plaisir évident de notion de partage.

« Sacrée Bouteille« 

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« Qu’As-Tu Appris A l’Ecole« 

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2 thoughts on “GRAEME ALLWRIGHT : « LE JOUR DE CLARTE ». 1968

  1. Godefroy dit :

    Merci pour cette belle biographie inspirée de votre ressenti personnel, que je partage totalement. Gardons le souvenir de Graeme Allwright.

  2. […] vous recommande la lecture de la page de Papyblues, une belle et émouvante biographie, enrichie de photographies et extraits de ses chansons. Je […]

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