BRUCE SPRINGSTEEN : « THE GHOST OF TOM JOAD » 1995

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La tournée qui suit la parution de « Human Touch / Lucky Town » commence par l’Europe, et c’est un bien, les fans européens sont tous au rendez vous du BOSS, ce qui lui redonne un bon petit coup de jus, BRUCE avait conscience que ses plus grands fans n’étaient plus pour le moment aux Etats-Unis. L’accueil du public en Europe fut exceptionnel, les stades étaient plein à craquer, à l’instar de son concert à Paris devant un parterre en délire.

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De retour aux USA, les concerts sont plus difficiles, l’enthousiasme n’y est plus vraiment, ses fans américains lui en veulent, ce n’est plus leur BRUCE SPRINGSTEEN, plus le « E Street Band », la musique n’est plus la même et les anciens morceaux perdent tout leurs charmes, ils ne reconnaissent plus leur idole. Même si souvent à la fin des concerts les gens sont debout. Une seconde tournée Européenne est programmée, avec un groupe de plus en plus soudé et cohérent, puis tout le petit monde repart pour les Etats-Unis où de temps en temps, un musicien du « E Street Band » monte sur scène, pour une apparition, le public alors devient fou. La plus grande ovation fut un soir, l’avant dernier concert de la tournée, où durant « Tenth Avenue Freeze Out », quand BRUCE parle de l’arrivée du Big Man dans le groupe, Clarence Clemons apparait sortant des coulisses

Clarence Clemons

pour son petit son petit thème au sax, l’ovation du public couvrit complètement la musique, c’était du délire, du jamais vu! Ce fut une demande de musique de film, qui repositionna BRUCE dans le cœur de ses fans, Jonathan Demme voulait qu’il compose le générique de son prochain film avec Tom Hanks « Philadelphia » sur l’histoire d’un homosexuel séropositif qui contracte le sida, et se voit renvoyé de son travail. Ainsi voit le jour la splendide chanson « The Streets Of Philadelphia »,

un titre sobre, une ballade posée sur un sample de batterie électronique, de l’orgue, des synthés, magnifiquement chanté par BRUCE. Le film reçu cinq nominations aux Oscars dont celui de la meilleure chanson. BRUCE SPRINGSTEEN reçu l’Oscar pour « Street Of Philadelphia« . Il fut décidé que le morceau sorte en single, et ce fut un triomphe planétaire.

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En 1994, BRUCE travaille sur un projet d’album autour de synthétiseur, sachant pertinemment que cela ferait fuir le plus fans de ses fans. John Landau et BRUCE avaient déjà parlé d’un « Best Of », mais l’idée était restée au fond d’un tiroir, le moment était peut être venu de la ressortir. Mais pour donner plus de valeur au disque, et susciter l’intérêt du public, il serait bon d’y ajouter quatre titres inédits. Aussitôt décidé, il fut évident qu’il fallait réunir les frères du « E Street Band »,

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six ans après leur dernier concert. BRUCE compose rapidement quelques morceaux, sachant que la sortie de ce disque ne donnerait lieu à aucune tournée, à aucun concert. Ce dont il informa chaque membre du groupe à leur arrivée. L’ambiance du coup n’était pas des plus festive. « Blood Brothers » était le titre des retrouvailles avec ses amis, ses Frères de Sang », et trois autres morceaux étaient prêts, dont « Murder Incorporated »

Quand tout fut enregistré, chacun reparti dans son coin, pour se réunir une fois de plus pour le tournage d’un clip live, réalisé par J. Demme, dans un petit night-club, bondé de monde, qui fut récompensé de sa présence par l’interprétation d’anciens morceaux, ce qui fit un petit set de treize chansons. L’album « Greatest Hits » sorti en février 1995,

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et de nouveau le groupe se sépara. BRUCE reçu trois Grammy Awards pour « Streets Of Philadelphia ». Le groupe se retrouva pour l’inauguration du « Rock and Roll Hall of Fame » de Cleveland avec Chuck Berry et un Jerry Lee Lewis très énervé, irrité et dont la mauvaise humeur se propagea peu à peu à tous les participants, qui du coup donnèrent un concert plus que moyen. Ensuite chacun regagna ses pénates.

Bruce SPRINGSTEEN and the E Street band 1999 Photographe : Caserta ©dALLE APRF France

Photographe : Caserta

BRUCE repart pour Los Angeles. Durant des virées à moto avec des amis, il entend de nombreux récits, sur les travailleurs mexicains hommes femmes et enfants, qui passent la frontière, couverts de poussières, de sable à la recherche d’un quelconque travail, des dealers de drogues, toute sorte d’individus. Une sorte d’économie souterraine hors la loi, le plus souvent pratiquée par des gens prêt à tout, puisque ne possédant rien d’autre que leur misère.

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Los Angeles possédait aussi ses campements sous les ponts, où se massaient les désespérés à la recherche d’un petit boulot, les oubliés de la vie, immigrés mexicains sans aucune ressource, que la mendicité, des boxeurs, des taulards ou ex taulards, essayant de survivre dans un monde qui les rejetait.

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Tout cela marqua fortement SPRINGSTEEN, il lu des livres, de nombreux articles de journaux qui parlaient de ces laissés pour compte, de ce quart monde à la porte de la première puissance mondiale. Il commence à composer de nouveaux morceaux, douze chroniques sur les oubliés de l’Amérique en retournant aux bases de la musique folk américaine, et de sa culture, John Ford, Woodie Guthrie, Steinbeck

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Le premier morceau composé fut « THE GHOST OF TOM JOAD ». Tom Joad est le personnage principal du roman de Steinbeck « Les Raisins De La Colère » pour lequel il reçu le Prix Pulitzer, et qui parle de la pauvreté, et de la misère. Dans le film homonyme Tom Joad est interprété par Henry Fonda

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LE FANTÔME DE TOM JOAD

Des hommes marchent le long de la voie ferrée
Allant vers un endroit sans retour
Des patrouilles routières surgissent sur la crête
De la soupe chaude dans un feu de camps sous le pont

Bienvenue dans le nouvel ordre mondial
Les familles dorment dans leurs voitures dans le sud ouest
Pas de maison, pas de travail, pas de paix, pas de repos.

La route est vivante ce soir
Mais personne ne plaisante sur l’endroit où elle mène
Je suis assis là dans la lumière du feu de camp
En compagnie du fantôme de Tom Joad

Il sort un livre de prières de son sac de couchage
Le prêcheur allume son mégot et prend son fardeau
Attendant le moment où le dernier sera le premier
Et le premier ne sera rien
Dans une boîte en carton dans un passage souterrain.

Avoir un aller simple pour la terre promise
Tu as eu un trou dans le ventre et une arme dans la main
Dormir sur un oreiller de pierre solide
Et se baigner dans l’aqueduc de la ville

La route est vivante ce soir
Où il est clair que tout le monde sait
Je suis assis là dans la lumière du feu de camp
Attendant le fantôme de Tom Joad

Tom dit alors : » Mam, où un flic tabasse un type
partout où un nouveau né pleure de fin
Là où il y a lutte contre la violence et de la haine dans l’air

Cherche moi, M’man je serais là

Partout où quelqu’un se bat pour revendiquer
Pour un travail décent ou pour une main tendue
Partout où quelqu’un lutte pour sa liberté
Regarde dans ses yeux M’man tu me verras

L’autoroute est vivante ce soir
Mais personne ne plaisante sur l’endroit où elle mène
Je suis assis là dans la lumière du feu de camps
En compagnie du fantôme du vieux Tom Joad.

L’intrigue se déroule pendant la grande dépression de 1929, on suit les aventures d’une famille de pauvres métayers, les Joad, qui est contrainte de quitter l’Oklahoma à cause de la sécheresse, des difficultés économiques et des bouleversements dans le monde agricole. Alors que la situation est quasiment désespérée, les Joad font route vers la Californie avec des milliers d’autres habitants de l’Oklahoma, à la recherche d’une terre, de travail et de dignité.

« 2. Straight Time »

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Comme « Nebraska », treize ans auparavant, les chansons sont criantes de vérité, et empreintes d’une tristesse accablante. Elles ne sont pourtant qu’un miroir..

DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA FRONTIÈRE

10. « Across The Border »

Ce soir mon sac est prêt
Demain j’emprunterai ces pistes
Qui me conduiront de l’autre côté de la frontière

Demain mon amour et moi
Dormiront sous des cieux auburn
Quelque part de l’autre côté de la frontière

Nous laisserons derrière nous
La douleur et la tristesse trouvées ici
Et nous boirons l’eau boueuse du Bravo

Où le ciel devient gris et vaste
Nous nous retrouverons de l’autre côté
Là-bas de l’autre côté de la frontière

Pour toi je construirai une maison
Tout en haut d’une colline verdoyante
Quelque part de l’autre côté de la frontière

Où la douleur et les souvenirs
Où la douleur et les souvenirs se sont apaisés
Là-bas, de l’autre côté de la frontière

La douce odeur des fleurs emplit l’air
Des pâturages dorés et verts
Se fondent dans des eaux claires et fraîches

Et dans tes bras, sous des cieux infinis
J’effacerai de mes baisers le chagrin dans tes yeux
Là-bas, de l’autre côté de la frontière

Ce soir, nous chanterons les chansons
Je rêverai de toi mon coeur
Et demain mon coeur sera fort

Et puisse la bénédiction et la grâce des saints
M’emmener sain et sauf jusque dans tes bras
Là-bas de l’autre côté de la frontière

Car que sommes-nous sans l’espoir en nos coeurs
Qu’un jour nous buvions les eaux bénies de Dieu
Et mangions le fruit de la vigne
Je sais que l’amour et la prospérité seront miens
Quelque part, de l’autre côté de la frontière

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Par contre BRUCE n’y est pas seul des musiciens participent à l’album, GARRY MALLABER batterie, MARTY RIFKIN pedal steel guitar, DANNY FEDERICI claviers, GARRY TALLENT basse, SOOSIE TYRELL violon, JIM HANSON basse, CHUCK PLOTKIN(co-producteur du disque) claviers.

3. « Highway 29 »

L’ajout de ces musiciens, permet au disque de ne pas être monochrome, et lui donne un peu de couleurs, et de relief. Encore une fois BRUCE SPRINGSTEEN y est le chantre des pauvres, des déshérités, de ceux qui restent sur le chemin, il dépeint une Amérique où l’inégalité est grandissante,

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des émigrés obligés de travailler dans des laboratoires clandestins de drogues, traités comme des esclaves, de la prostitution des enfants,

BALBOA PARK

Il a étendu sa couverture sous l’autoroute
Tandis que le ciel du soir s’assombrissait
Il a sniffé de la merde dans sa canette de Coca
Et s’est dirigé vers Balboa Park
Là où les hommes dans leur Mercedes
Viennent chaque nuit recourir
Dans la fraîcheur du soir de San Diego
Aux services des garçons de la frontière

Il a grandi près de la Zone Nord
Au milieu des maquereaux et des trafiquants avec qui il trainait
Il avalait leurs ballons de cocaïne
Et les amenait de l’autre côté du terrain vague de la 12ème Rue

Dormant dans un abri
Si la nuit il faisait froid
Fuyant devant les agents 
De la police des frontières

Après avoir dépassé la casse automobile en face de la voie ferrée
Et traversé les égouts
Ils ont étalé leurs couvertures sous l’autoroute
Et ils ont chacun pris un nom

Il y avait X-Man et Cochise
Little Spider, ses baskets couvertes de la boue de la rivière
Ils sont venus dans le Nord en Californie
Pour finir avec ce poison dans le sang

Il a fait ce qu’il devait faire pour de l’argent
Parfois il envoyait à la maison ce qu’il arrivait à économiser
Le reste passait dans les baskets montantes, dans de la mauvaise drogue
Et dans des jeans comme ceux que portent les putains d’américains

Une nuit la police des frontières a fait une rafle sur la 12ème rue
Une grosse voiture a descendu le boulevard à toute vitesse
Spider a été pris dans ses phares
Il a été percuté et il est tombé violemment

Alors que la voiture s’éloignait à toute vitesse, Spider s’est tenu le ventre
Il est allé en boitant jusqu’à sa couverture dans le tunnel sous l’autoroute
Il s’est allongé là, goûtant à son propre sang sur sa langue
Il a fermé les yeux et a écouté les voitures qui défilaient si vite      

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une Amérique raciste, avec toujours des relents de Vietnam, comme ses deux pêcheurs, un immigré vietnamien et un américain vétéran qui se battent à mort pour le droit de prendre du poisson dans les mêmes eaux.

6. « The Line »

Une Amérique dans laquelle des mexicains émigrés ou désireux d’y émigrer avec l’aide de Dieu, pensent y trouver une terre promise, ou du moins un peu de dignité et de quoi y faire vivre leur famille. BRUCE leurs écrit pas moins de quatre titres.

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SINALOA COWBOYS

Miguel venait d’une petite ville du nord du Mexique
Il est venu dans le nord en Californie avec son frère Louis, il y a trois ans
Ils ont traversé la rivière au niveau du barrage
Et ils ont tous les deux trouvé du travail dans les champs de San Joaquin
Ils ont quitté leur maison et leur famille, leur père a dit, « Mes fils, une chose que vous apprendrez
Pour tout ce que le nord donne, il exige un prix en retour »
Ils ont travaillé côte à côte dans les vergers, du matin jusqu’à la fin du jour
Faisant le travail que les « Blancs » ne voulaient pas faire

La rumeur a couru que des hommes de Sinaloa cherchaient de la main d’œuvre
En plein cœur du comté de Fresno, il y avait une ferme à poulets désaffectée
Là, dans une petite cabane en tôle, au bord du ravin
Miguel et Louis ont préparé de la méthamphétamine
Vous pouviez passer une année dans ces vergers ou bien gagner la moitié de ce salaire en dix heures
A travailler pour les hommes de Sinaloa, oh mais si vous faisiez une erreur
L’acide pouvait vous brûler jusque sous la peau
Ils vous laisseraient à cracher du sang dans le désert si vous inhaliez ces émanations

Il était tôt par un matin d’hiver, Miguel faisait le guet à l’extérieur
Quand la cabane a explosé, illuminant la nuit dans la vallée
Miguel a porté le corps de Louis sur ses épaules jusque dans un fossé, le long de la crique
Et là, dans les hautes herbes, Louis Rosales est mort

Miguel a mis le corps de Louis dans son camion et puis il a conduit
Jusqu’à l’endroit où les rayons du soleil matinal tombent sur un bosquet d’eucalyptus
Là, dans la terre, il a creusé et sorti 10,000 $, tout ce qu’ils avaient économisé
Il a embrassé son frère sur les lèvres et l’a installé dans sa tombe      

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« THE GHOST OF TOM JOAD » est une page de l’histoire de l’Amérique, une photographie de cette terre soit disant promise, devenu un véritable enfer pour de nombreux êtres humains, oubliés, affamés, humiliés du Rêve américain.

8. « Dry Lightning »

La musique est à l’image des textes, belle, dépouillée mais moins que « Nebraska » plus sophistiquée, avec de merveilleux arrangements sans grandiloquence, très épurés, et des mots presque susurrés. Une osmose parfaite se crée entre les différentes musiques, et chacun des textes, un véritable travail d’orfèvre.

9. « The New Timer »

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Avec ce disque BRUCE SPRINGSTEEN s’affirme comme un des plus grands artistes de XXème siècle. Cet album quelque part marque la fin d’une époque, BRUCE tourne une page, il est père de famille, marié et heureux de l’être. Mais si sa vie est pleine de joies à l’approche de ses cinquante ans, les années qui passent, les différents Présidents au pouvoir, n’arrangent en rien la misère de tout un pan du peuple américain, des émigrés mexicains, des vagabonds et de bien d’autres, les ouvriers métallurgistes,

12. « My Best Was Never Good Enough »

avec la fermeture des Hauts Fourneaux de la société Jeannette Blast Furnace, dans l’Ohio. Une partie importante des américains vit en dessous du seuil de pauvreté. Ces à ces gens là que le BOSS s’adresse, c’est d’eux qu’il parle, c’est pour eux qu’il chante les chansons de « THE GHOST OF TOM JOAD ». C’est pour eux qu’il invoque Dieu de les aider.

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YOUNGSTOWN

Ici, au nord est de l’Ohio,
En 1803,
James et Dan Heaton ont découvert la mine
Qui longeait Yellow Creek

Ils ont construit des hauts-fourneaux
Ici, le long de la côte
Et ils ont fabriqué les boulets de canons
Qui ont permis à l’Union de gagner la guerre.

Ici à Youngstown
Ici à Youngstown
Ma douce Jenny, je suis en train de couler
Ici, chérie, à Youngstown.

Mon père travailla aux fourneaux
Il y a entretenu un feu d’enfer
Je suis rentré du Vietnam et me suis efforcé de me plier
A un travail qui irait tout autant au diable.

Le charbon et la pierre calcaire
Ont nourri mes enfants et payé mon salaire
Ces cheminées atteignant, comme les bras de Dieu
Un ciel magnifique de suie et d’argile.

Ici à Youngstown
Ici à Youngstown
Ma douce Jenny, je suis en train de couler
Ici, chérie, Ö Youngstown

Mon père est allé aux chantiers de l’Ohio
En rentrant de la Seconde Guerre mondiale
Maintenant le chantier est désaffecté, il a dit
« Ces grands hommes ont réussi là ou Hitler a échoué »

Ces fours ont fabriqué les chars et les bombes
Qui ont gagné les guerres de ce pays.
Nous avons envoyé nos fils en Corée et au Vietnam
Maintenant nous nous demandons pourquoi ils sont morts. »

Ici à Youngstown
Ici à Youngstown
Ma douce Jenny, je suis en train de couler
Ici, chérie, à Youngstown

De la vallée de la Monotigahela
Aux aciéries de Mesabi,
Ou aux mines de charbon des Appalaches,
C’est toujours la même histoire.

Sept cents tonnes de métal par jour,
Monsieur, vous me dites que le monde a changé,
Maintenant que je vous ai rendu assez riche,
Assez riche pour oublier mon nom.

Et Youngstown
Et Youngstown
Ma douce Jenny, je suis en train de couler
Ici, chérie, Ö Youngstown

Quand je serai mort, je ne veux pas d’une place au paradis
Je n’y remplirai pas ma tâche convenablement
Je prie pour que le malin vienne et m’emmène
Dans les fournaises ardentes de l’enfer.

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Le 25 novembre 1995, l’album parait, Les critiques de tout bord sont unanimes pour saluer la sortie d’un Chef d’Œuvre, d’une pièce maitresse dans la carrière de BRUCE SPRINGSTEEN. De nombreux fans qui après la parution du « Greatest Hits » s’attendaient à une tournée avec le « E STREET BAND » en sont pour leur frais. Même si les ventes n’atteignent pas le niveau de « Born In The USA », « The River » ou « Darkness On The Edge Of Town », elles sont très bonnes. BRUCE savait parfaitement qu’il toucherait un public moins important avec cet album, mais il se devait de le faire, la vision des choses à cinquante ans n’est plus la même qu’à trente ou quarante.

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LA BAIE DE GALVESTON

Quinze ans que Lê Bin Son
A combattu côte à côte avec les Américains
Dans les montagnes et les deltas du Vietnam.
En 75′ Saigon est tombé et il a quitté son poste de commandement

Et a amené sa famille vers la Terre promise.

Seabrook, Texas et les petites villes dans le Golfe du Mexique.
C’était un pays de deltas qui lui rappelait son pays.
Il a travaillé en tant que machiniste, a envoyé son argent en Amérique
Et a acheté un bâteau pour pécher la crevette avec son cousin
Et ensemble ils ont regagné la baie de Galveston.

Le matin avant que le soleil ne se lève
Il embrassait sa fille endormie
Dehors par le canal
Il jetterait ses filets dans l’eau.

Billy Sutter a combattu dans la Charlie Compagnie
Dans les montagnes de Quang Tri
Il a été blessé dans la bataille de Chu Lai
Retourné chez lui en 68

Là, il s’est marié et a travaillé dans les zones de pêche du golfe
Dans un bateau qui avait appartenu à son père
Le matin, il embrassait son fils endormi
Et jetait ses filets dans l’eau

Billy était assis devant sa télé quand le Sud est tombé
Et quand les chars communistes sont entrés dans Saigon
Lui et ses amis ont regardé les réfugiés arriver
S’installer dans les mêmes rues et travailler sur cette côte où ils avaient grandi

Bientôt dans les bars autour du port
On parlait de l’Amérique aux Américains
Quelqu’un a dit : “Vous voulez qu’ils partent, vous devez les brûler »
Et il a fait venir le Klan du Texas

Une nuit texane humide, il y avait trois ombres sur le port
Venus brûler les bateaux Vietnamiens pour les faire couler
Dans la lueur des flammes, des coups de feu ont retentis, deux Texans étaient morts allongés sur le sol
Lê se tenait là un pistolet à la main

Un jury l’a acquitté en reconnaissant la légitime défense
Alors que devant le juge il s’est levé
Mais alors que Lê descendait les marches du tribunal
Billy a dit “Mon ami, tu es un homme mort”

Une nuit à la fin de l’été, Lê regardait le bord de l’eau
Billy se tenait dans l’ombre, son couteau de combat à la main 
Et la lune s’est glissée derrière les nuages
Lê a allumé une cigarette, la baie était calme et se reflétait comme un miroir
Quand il est passé près de lui, Billy a fourré son couteau dans sa poche
Il a pris sa respiration et l’a laissé passer

Dans l’obscurité matinale, Billy s’est levé
Il est allé dans la cuisine prendre un verre d’eau
Il a embrassé sa femme endormie, s’est dirigé vers le canal
Et a jeté ses filets dans l’eau de la Baie de Galveston

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D’ailleurs dès la sortie du disque, BRUCE par en tournée, seul en scène, sur un tabouret, avec ses guitares six et douze cordes, ses harmonicas. Il introduit chaque chanson par un petit texte explicatif, il prend son public par la main et le conduit là où lui BRUCE veut l’emmener. Il demande également aux spectateurs de ne pas faire de bruit, de ne pas applaudir quand ils reconnaissent une chanson, il veut le plus de  silence possible. Un silence d’église. Par instants, on a l’impression qu’il murmure les paroles, ces concerts sont de véritables Messes, pendant lesquelles il reprend en acoustique d’anciens morceaux de son répertoire, comme « Born In The USA », « Darkness On The Edge Of Town » et bien d’autres encore, leurs donnant une nouvelle couleur, les changeant, les épurant.

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En 1997 BRUCE SPRINGSTEEN reçoit pour « THE GHOST OF TOM JOAD »  le Polar Music Prize, remis chaque année par l’Académie Royale de Musique de Suède pour récompenser un artiste marquant, ce prix est l’équivalent du Prix Nobel de Musique, aux Etats-Unis, il remporte le Best Contemporary Folk Album, et en France, le Grand Prix de l’Académie Charles Cros. Je laisse le dernier mot au BOSS, « …Je savais que ce disque n’attirerait pas ma plus large audience. Mais j’étais certain que ces chansons viendraient enrichir le meilleur de ce que je fais. Ce disque était un point de référence pour les idées que je défends, et pour celui que je suis en tant qu’auteur… »

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« THE GHOST OF TOM JOAD » est un Chef d’Œuvre immortel et intemporel !!!

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