MOLLY HATCHET : « MOLLY HATCHET ». 1978

MOLLY HATCHET, (dont le nom vient d’une célèbre meurtrière du XVII ième siècle, qui avait la fâcheuse habitude de décapiter ses amants à la hache), vient de Jacksonville en Floride. Il est issu de ce nouveau courant musical, « Southern Rock » qui émerge dans le sud des États Unis, mélange de blues, de country, de gospel et de british blues. Blackfoot, 38 Special, Point Blank, Doc Holliday pointent leur nez sur cette nouvelle scène rock sudiste.

Les précurseurs furent avec classe, virtuosité et émotion Allman Brothers et Lynyrd Skynyrd. MOLLY utilise quasiment les mêmes recettes que Lynyrd Skynyrd, le côté country en moins. Il attaque beaucoup plus brutalement, plus hard. Le rock se fait plus urbain, il sent l’essence et les grosses cylindrées. Il rentre dans le lard, et découpe à vif, sans prendre de gants, le couteau dégoulinant de sang. Indéniablement, trois guitaristes en plus de faire un mur de son, permettent de très nombreuses envolées différentes les unes des autres. Les trois musiciens sont complémentaires

et les solis sont variés et trois fois plus intéressants et excitants. Le chanteur possède une voix qui colle parfaitement au style musical du groupe. Chaude, légèrement traînante et voilée, elle se pose parfaitement sur la musique. L’énergie déployée par le groupe est réelle et propulse les morceaux vers des hauteurs toutes rock’n’rolliennes. Lors de la sortie de leur premier album, on dit du groupe, qu’il est le nouveau, ou du moins le successeur du Lynyrd Skynyrd, ils viennent de la même ville, et jouent une musique assez proche, le parallèle semble évident, même si son rock est moins subtil, moins bluesy, plus hard.

À l’écoute de ce magnifique premier opus, « MOLLY HATCHET »  le son est plus agressif, plus méchant que leurs potes du Lynyrd. Une des forces de MOLLY trois lead guitares, comme son illustre prédécesseur, qui s’en donnent à coeur joie, pour lancer et relancer les chorus. Ce premier album, contient de futurs classiques du groupe. Mais la première chose qui frappe, c’est le dessin qui orne la pochette, une magnifique peinture de FRANK FRAZETTA, « Le Death Dealer »,

un guerrier à cheval, visage dans l’ombre, seuls visibles, des yeux rouges, armé d’un bouclier et d’une hache sanglante. Magnifique et impressionnant. Le groupe se compose de Danny Joe Brown (vocaux),

Duane Roland (guitare),

Dave Hlubek (guitare),

Steve Holland (guitare),

Banner Thomas (basse),

 Bruce Crump (batterie).

Ça commence très fort avec « BOUNTY HUNTER » de l’intro des guitares, au « Hell Yeah » du chanteur, on sent que c’est du lourd, sans être du hard, du vrai Southern Rock.

Le groupe est parfaitement en place. Trois chorus de guitares s’enchainent divinement bien. La barre est haute. Tout est dit en moins de trois minutes. « GATOR COUNTRY » dans le même esprit mais avec un côté plus enlevé, plus « swamp music ».

Dans ce morceau DANNY JOE BROWN nous parle des endroits d’où viennent Lynyrd Skynyrd, Charlie DanielsRichard Betts (guitariste de Allman Bros),

Elvin Bishop, Marshall TuckerOutlaws, mais eux MOLLY préfèrent leur coin, la contrée des crocodiles, la Floride.

Le morceau est long, plus de six minutes. Les guitaristes ont plus de temps pour développer leur chorus respectifs, et ils ne s’en privent pas. Plus de trois minutes de soli de guitares. Très beau titre. « BIG APPLE » revient au rock plus traditionnel,

mais qui n’oublie pas de swinger, il reste malgré tout très léger. « THE CREEPER » installe un rythme plus lent, plus chaloupé,

c’est un blues-rock qui permet au chanteur de s’exprimer dans un registre quelque peu différent. Les guitares elles, sont parfaites et chantent à loisir.

« THE PRICE YOU PAY » est dans l’esprit des premiers morceaux,

un titre rock sudiste, mélodieux qui nous fait entendre un solo d’harmonica. « DREAMS I’ll NEVER SEE » est une belle reprise des Allman Brothers. Classique instantané, il est toujours joué par le groupe, qui n’a plus de MOLLY HATCHET que le nom.

La reprise est de toute beauté, longue de plus de sept minutes, elle n’a pas à rougir de la version originale. Comme précédemment, les guitares sont superbes et colorent parfaitement la composition. « I’ll BE RUNNING » souffre de venir après « DREAMS », elle semble fade et n’apporte rien de particulier.

Peut-être le titre le plus faible de l’album. « CHEATIN’ WOMAN » renoue avec le style MOLLY des premiers titres, mid-tempo, heavy sans être lourde,

elle est agrémentée de choeurs féminins sur le refrain. Un petit côté Wishbone Ash apparait durant un des chorus de guitares . « TRUST YOUR OLD FRIEND »

termine l’album, le titre est enjoué, sympathique et clôture agréablement un album réussi, qui montre un groupe au potentiel énorme,

parfaitement en place, cohérent, inventif, maitrisant totalement leurs instruments. Le public comme les critiques ne s’y sont pas trompés, l’album est rapidement plusieurs fois disque de platine, et obtient un gros succès sur le vieux continent, et en Asie. MOLLY HATCHET se taille une grosse réputation de performers au son puissant et aux guitaristes surdoués. Le groupe assurera les premières parties d’Aerosmith, Rolling Stones et Bob Seger, se bonifiant au fil des concerts.

Maintenant, MOLLY doit donner un successeur à ce premier album, ce sera chose faite l’année suivante. Je vous en parlerais une autre fois.

 

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