MOLLY HATCHET : « BEATIN’ THE ODDS » 1980

Je dois vous avouer quelque chose. J’ai une tendresse particulière pour cet album. J’ai tout de suite adoré la voix de JIMMY FARRAR. Je l’ai toujours préféré à celle de Danny Joe Brown. Je sais beaucoup d’entres vous vont hurler, mais je n’y peux rien, c’est comme cela.

Le « Flirtin’ With Disaster Tour » est épuisant pour Danny Joe. Il apprend qu’il souffre du diabète, et ne se sent plus en capacité d’assurer sa fonction au sein du groupe. Ce qui ne l’empêchera pas de former un an plus tard le Danny Joe Brown Band.

Pour MOLLY c’est un coup de tonnerre. Le succès du groupe va grandissant à travers le monde, et voilà qu’un des membres fondateurs est obligé de quitter l’aventure. Le choc est violent au sein de la famille MOLLY HATCHET. Malgré tout, « The Show Must Go On ». Le producteur de MOLLY entend la voix de JIMMY FARRAR, le chanteur de Raw Energy, et se dit qu’il ferait un excellent remplaçant de Danny.

Physiquement l’homme est un croisement de Leslie West et de Meat Loaf. Imposant donc, mais la voix est là. Le groupe décide de l’auditionner, loue un club appelé « L’entrepôt », y installe tout le matériel, et commence à jouer avec FARRAR. Au bout de trois morceaux le chanteur est engagé. Leur matériel déjà sur place, MOLLY décide d’y donner deux concerts. MOLLY HATCHET a trouvé son nouveau chanteur. L’arrivé de FARRAR va quelque peu modifier le style du groupe. En effet, le côté « Southern Rock » traditionnel se modifie en une sorte de Hard Southern.

Moins d’envolées solitaires des trois guitaristes, ROLLAND, HLUBEK et HOLLAND, mais un vrai mur de son, où les six cordes discutent entre elles, mais sans longs chorus comme dans « Boogie No More » de l’album précédent. Le son se fait plus impressionnant, plus heavy, mais sans aucune lourdeur, tel un groupe de bikers, chevauchants leurs Harley hurlantes à travers le désert, soulevant des nuages de poussières, filant droit sur le soleil couchant. Ce côté un peu plus hard ne fait qu’augmenter la popularité et les ventes de disques de MOLLY HATCHET. La première année avec FARRAR, le groupe donne environ trois cent concerts. Pour la dernière fois dans l’histoire du groupe,

c’est encore une superbe peinture de FRANK FRAZETTA  « Conan Le Conquérant » qui habille la pochette du troisième album. Il apparait dans les bacs des disquaires en 1980. Toujours produit par TOM WERMAN, l’album n’est pas très long, trente trois minutes pour neuf titres. Une moyenne de trois minutes par morceaux, hormis deux de plus de quatre minutes, dont une splendide nouveauté pour MOLLY, un morceau lent de toute beauté, chanté de manière magnifique par un JIMMY FARRAR touché par la grâce « THE RAMBLER ».

Sa voix plus pure, moins rauque fait merveille. Pour moi un pur chef d’oeuvre. Mais commençons par le début, « BEATIN’ THE ODDS » Déboule à cent à l’heure, comme une charge de cavalerie au grand galop.

Guitares omni présentes, solo court. On ne garde que l’essentiel. Et ça marche, puisque MOLLY continue de le jouer aujourd’hui encore. Je dis MOLLY, mais le groupe actuel, au sein duquel ne reste plus aucun membre original, ne devrait plus garder ce patronyme. Il s’apparente plus à un tribute band jouant du MOLLY, et ne mérite en aucun cas de garder le nom. Petite parenthèse personnelle. « BEATIN’ THE ODDS » s’impose dès la première écoute et dévoile le nouveau son plus hard du groupe.

Une réussite totale. « DOUBLE TAKER » double la mise, et inclut des nappes d’orgue discrètes.

Deux jolis chorus de six cordes habillent le morceau d’un peu plus de trois minutes, sans digression aucune. Vite fait bien fait. Puis arrive « THE RAMBLER » intro guitare acoustique et électriques de concert,

premier slow blues de MOLLY, les petits soli de guitares sont dans l’esprit du morceau, tout en retenu, et dégoulinants de feeling. La voix est très belle. On peut enfin reprendre son souffle grâce à la douceur de ce titre. Une réussite totale. « THE SAILOR » superbe morceau, Mid tempo, guitares en avant, encore un solide morceau, avec changement de tempo.

C’est bien fait, ça fait taper du pied et bouger le corps,

guitares à l’unisson, chorus bien senti, ça swingue très fort que demander de plus. « DEAD AND GONE » parle des méfaits de la drogue, gros morceau avec choeur de femmes dans le refrain.

Tempo médium soutenu, traversé par trois six cordes qui chantent et se répondent. Encore un très bon morceau, et un bon chanteur. « FEW AND FAR BETWEEN » est un titre entraînant, guitare slide en avant, dans lequel des choeurs féminin apporte une coloration des plus sympathique. La recette est la même, un morceau qui en trois minutes

nous en dit plus que d’autres groupe en dix. On va directement où il faut, sans sortir du cadre approprié, ce qui est l’apanage des grands. L’essentiel, toujours l’essentiel.

« PENTHOUSE PAUPER » du Creedence, écrit par John Fogerty, interprété par MOLLY, devient un morceau de MOLLY, et prend alors une teinte différente. Guitares bavardes sur un tempo médium,

le titre tient toutes ses promesses, ça assure méchamment, ça tricote de belles manières. Rien à redire, c’est parfait. « GET HER BACK » assure la continuité, on ne change pas une recette qui marche.

Chorus de guitares concis et habités, tout doit être dit en trois minutes donc pas d’envolées spectaculaires, on sait qu’ils peuvent le faire, très bien même, mais dans cet album, ce n’est pas le but recherché. On revient aux fondamentaux du rock où les chansons ne devaient pas excéder deux minutes trente. Tout devait être dit dans ce laps de temps.

C’est exactement ce que fait MOLLY HATCHET dans ce « BEATIN’ THE ODDS », s’éloignant définitivement de l’ombre tutélaire du Lynyrd Skynyrd. L’album se conclut de belle manière avec « POISON PEN » qui traite de l’extraordinaire faculté des journalistes qui critiquent des albums sans même les avoir

écouté, et les concerts sans y être allé. L’arrivée de JIMMY FARRAR fait beaucoup de bien au groupe. Le groupe est plus fougueux que jamais, et le fait savoir haut et fort avec ce splendide album. Album parfait à mes yeux, il n’y a rien à jeter, tout se tient sans faiblesse. Les chorus de guitares bien que plus courts, éclatent de mille feux.

L’album est un énorme succès. Disque de platine, il entre à la 22ème place au Billboard 200 quand au superbe « THE RAMBLER » il s’installe au Billboard 100. Malgré tout, de nombreux fans des débuts regrettent le départ de Danny Joe Brown, et n’aiment pas JIMMY FARRAR. Les goûts et les couleurs… MOLLY HATCHET une fois l’album sorti, reprend la route pour une nouvelle tournée.

Par ce que je vous aime bien, et pour que vous puissiez constater la puissance de MOLLY HATCHET période JIMMY FARRAR, voilà le début d’un concert et le premier titre joué dans cette tournée.

 

 

One thought on “MOLLY HATCHET : « BEATIN’ THE ODDS » 1980

  1. Hugo Spanky dit :

    Grosse surprise à sa sortie de constater que DJB n’était plus de la partie (pas d’internet à l’époque pour se tenir au courant) et puis finalement, comme tu le dis, l’efficacité « hard rock » du disque avait séduit et Jimmy Farrar avait été adopté. Perso, j’avais trouvé le disque suivant encore meilleur, Take No Prisoners, avant que le retour de DJB n’amorce une évolution plus mainstream qui m’avait éloigné du groupe après le calamiteux The Deed is Done. Avec le recul, c’est bien la période avec Jimmy Farrar qui demeure la meilleure du groupe.

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