THE ALLMAN BROTHERS BAND : « THE FILLMORE CONCERTS » .1971/1992

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Je vous ai déjà parlé de quelques uns de mes disques Live préférés, ceux qui me suivent partout, que j’écoute toujours avec un plaisir sans cesse renouvelé. Ceux qui en fin de compte font tout simplement un peu parti de moi, de ma vie. Ceux qui ne quittent pas mon I Pod, et que je retrouve comme un bon film. Parfois tous les jours, ou bien d’une manière cyclique, je ne peux rien écouter d’autres pendant quelques semaines, voir des mois. Et un jour je vais passer à autre chose. Pourquoi? Aucune idée. Pour énormément de choses, je marche par cycle. Vous aussi peut-être?…  « The Fillmore Concerts » du Allman Brothers Band, fait parti de ces albums dont je ne peux me passer d’écouter très souvent.

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1. « Statesboro Blues« 

J’ai toujours été fan du groupe, mais le « Fillmore » m’a tout de suite mis la tête à l’envers. Avec entre autre le Band Of Gypsys de Hendrix, Live Bullets de Bob Seger, Live At Leeds des Who, Hhaï Live 1976 de Magma, Live in New York City Bruce Springsteen & The E Street Band, With A Little Help From Our Friends de Gov’t Mule. Bien sur j’adore le Rock Sudiste, mais peut-on parler de Rock Sudiste pour un groupe comme les Allman Brothers.

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Les racines du groupe ne sont pas les mêmes que celle d’un Lynyrd Skynyrd, Outlaws, Point Bank, Marshall Tucker Band, Charlie Daniels Band, Wet Willie, Grinderswitch, Atlanta Rhythm Section, Molly Hatchet, Black Oak Arkansas, Rossington Collins Band, Sea Level, Blackfoot et bien d’autres que j’oublie…Qui eux ont subi de plein fouet dans les années soixante la vague venue d’Angleterre, le British Blues. Des guitares plus violentes plus axées Rock anglais. Allman Brothers Band remonte aux racines du blues, de la soul, du R’n’B,

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en y apportant les chorus de guitares allongés, étirés un peu à la manière du Jazz, improvisant plus que la plus part, chacun à son tour, ou ensemble à l’unisson, ou en tierce, en quinte (l’intervalle entre les notes pour la justesse entre deux instruments à cordes) , et pour cela le groupe possède ce qu’il faut, un guitariste extrêmement doué, Dickey Betts,

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2. « Trouble No More« 

et un guitariste béni des dieux, touché par la grâce, Duane Allman, jouant de la slide comme personne avant lui.

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Non décidément rien de commun entre Allman Brothers et les groupes vraiment Sudistes que je vous ai nommé un peu plus haut.  Formé par les deux frère Allman, Gregg – piano, clavier et vocaux, possède une voix rauque, soul et Rock, Duane – guitare, Dickey Betts – guitare, vocaux, Berry Oakley – basse, Butch Trucks – batterie, Jay « Jaimoe » Johanson – batterie, « The Allman Brothers Band » sort son premier album éponyme en 1969,

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3. « Don’t Keep Me Wonderin« 

les critiques sont excellentes, mais les ventes ne suivent pas vraiment, l’album sonne Blues Rock, et contient déjà les futurs hits du groupe. Le groupe tourne énormément et se fait une grosse réputation de groupe de scène. L’année suivante 1970, Tom Dowd produit le second album « Idlewild South » , énorme succès critique, et gros succès auprès du public. C’est dans cet album que figure un des morceaux les plus importants du groupe, composé par Dickey Betts  « In Memory Of Elizabeth Reed ».

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Une pure merveille. Cette même année Eric Clapton demande à Duane Allman de jouer sur son prochain projet Derek & The Dominos pour l’album « Layla And Assorted Love Songs » . En 1971 le groupe se sent près pour enregistrer un premier album live « At Fillmore East » durant les concerts du 12 et 13 mars, et du 27 juin 1971 à New York. Quelques invités sont présents Thom Doucette – Harmonica, Rudolph Carter – sax on Hot’ Lanta,  Bobby Caldwell – percussions on Drunken Hearted Boy,  Elvin Bishop – guitare on Drunken Hearted Boy, Steve Miller – piano on Drunken Hearted Boy.

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Tom Dowd prend les meilleures versions des cinq concerts pour réaliser un double 33 tours. Le succès remporté par l’album est immense et reste aujourd’hui encore considéré comme l’un des meilleurs live de tous les temps, mélangeant Rock, Blues, Jazz, R’n’B. Les plus grands noms de la musique dite populaire ont joués aux deux Fillmore, East et West, New York et San Francisco, mais le groupe qui y le plus joué c’est l’ ABB. Le groupe qui a donné ses lettres de noblesse à ce Blues-Rock en fin des années soixante, style plus tôt réservé aux groupes anglais.

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4. « In Memory Of Elizabeth Reed« 

Mais deux batteurs dans un groupe, ça donne une sacrée pulsation rythmique, deux guitaristes au jeu fin, subtil, délicat quand il le faut, décapant, puissant et flamboyant quand nécessaire, une voix baignée au Jack Daniels, les deux premiers album avaient permis d’entendre tout le potentiel du groupe, on savait qu’un live ne pouvait qu’être fabuleux. Quelques splendides reprises de Blues pour débuter le concert, pas d’esbroufe, tout est joué en retenue et en finesse, comme un seul homme, rien n’est laissé au hasard, tout est parfaitement homogène

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 « Statesboro Blues » avec Duane au bottleneck, le groupe y joue sobrement, mais surement, laissant la part belle aux improvisations, l’entente étant parfaite entre chacun des maillons de la chaine, il n’y a aucun point faible, pas de point de rupture. Bien sur avec l’accord du groupe, Tom Dowd a un peu bidouillé par ci par là, mais rien de méchant, et de plus le résultat est fantastique. Pour chacun, les concerts donné par l’ABB en cette période de 1971 sont parfaits, et restent parmi les meilleurs donnés par le groupe…

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La version dont je vais vous parler aujourd’hui est sortie en 1992, et ne s’appelle plus « At Fillmore East » mais  « The Fillmore Concerts » , le son a été remastérisé, et plusieurs titres ont été rajoutés dont un « Mountain Jam » de plus de trente trois minutes figurant sur l’album de 1972 « Eat That Peach » .

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5. « One Way Out« 

Donc on revient après cette petite digression à « Statesboro Blues » , de Will McTell,  donc, guitare slide tout en douceur, superbe voix de Gregg. On voit très bien où l’on met les pieds en quatre minutes. « Trouble No More »  de McKinley Morganfield, une rythmique d’enfer, hypnotique, dans l’esprit du morceau précédent, en un peu plus rapide, et cette guitare qui vous parle, un premier chorus de Dickey, puis un second de Duane. C’est magique et court. « Don’t Keep Me Wonderin » avec l’harmonica de Doucette, et la slide de Duane qui semble parler aux étoiles.

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Arrive ensuite un premier très grand moment du concert « In Memory Of Elizabeth Reed » de Dickey Betts, un début mi ternaire, mi binaire, un esprit jazz, sans parole, il n’y en a pas besoin. L’instrumental y gagne en universalité. Le thème est splendide, puis vient le moment des chorus de guitares, on nage en plein bonheur. D’abord Dickey longuement, tranquillement, puis break et chorus d’orgue de Gregg, soutenu par la section de batterie phénoménale toujours dans un même groove, swingant, mouvant, jazzy, nouveau break et guitare de Dickey, puis le calme,

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6. « Done Somebody Wrong« 

la guitare change c’est Duane. Peut-être le plus beau morceau de l’album, le plus parfait, le mieux construit. Mon petit préféré. Petit Break de batterie, reprise du thème. Grandiose. Treize minutes de plénitude. « One Way Out » de Sonny Boy Williamson /Elmore James/Marshall Schorn, guitares en avant, dialogue entre les deux, tout semble millimétré tellement c’est parfait. « Done Somebody Wrong » de Elmore James, bluesy à souhait, Doucette à l’harmonica, guitares et claviers en avant, et dire que cela ne dure que quatre minutes.

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« Stormy Monday » de T. Bone Walker, le blues par excellence, lenteur moite, poisseuse, collante, mélancolique, la voix de Gregg se met au diapason de la chanson « …Love Have Mercy, Have Mercy On Me… » , les différents chorus de guitares sont magnifiques, un changement de tempo amène un léger chorus d’orgue, auquel succède un magnifique solo de six cordes de toute beauté, l’harmonica prend ensuite son envol. Ce titre est splendide. Ce disque est splendide. « You Don’t Love Me » de Willie Cobbs termine le premier cd, sur un tempo, plus enlevé, et des chorus de guitares à mettre au Panthéon de l’instrument. La supériorité de l’ABB, par rapport aux autres groupes, est flagrante tout au long de ce premier cd.

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Que ce soit vocalement, au niveau des guitares, de ces grilles de batteries qui s’entremêlent, se complètent, et cette guitare seule qui se lamente, et qui se traîne cherchant son chemin, rejoignant un croisement où l’attendent d’autres instruments endiablés comme elle, et elle se sent nettement mieux, elle ne se lamente plus, non elle veut danser maintenant frénétique aux sont

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7. « Stormy Monday« 

des batteries, des percussions « You Don’t Love Me » demandait-elle? Mais si nous t’aimons tous maintenant, tu fais partie de la grande famille. Et quand de nouveau elle se retrouve seule, il n’y a plus aucune tristesse en elle. Elle sait parfaitement où elle se trouve, elle est à la jonction, au croisement, at The Crossroads. Une nouvelle vie l’attend,

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Elle s’y dirige fièrement, sans peur, sans arrière pensée, elle connait le chemin, son chemin, celui de l’éternité. Le second cd s’ouvre sur « Hot ‘Lanta » un instrumental de cinq minutes durant lequel la basse de Oakley virevolte préparant le terrain aux deux guitaristes, aux batteries. On est à la lisière du Blues, du Rock, du Jazz et du Country Rock. « Whipping Post » de Gregg, on est plus prêt de la fin que du début du concert. Un tempo bien enlevé, le groupe est au taquet, Gregg Allman chante comme si demain n’allait pas exister.

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8. « You Don’t Love Me« 

Les chorus de Dickey Betts et Duane Allman sont fascinants, ils se parlent, se racontent leurs histoires, leur tourments, deux chevaliers au tournoi. Il se dégage de ce morceau une telle intensité qu’on a du mal à réaliser qu’il dure si longtemps, et pourtant… pas un instant on se demande combien de temps encore va durer le titre, et en plus cerise sur le gâteau, l’ABB enchaîne sur « Mountain Jam » .Tenez-vous bien plus de trente trois minutes. Deux morceaux qui avoisinent une heure, « Mountain Jam » un autre instrumental à la démesure des musiciens de l’Allman Brothers Band,

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chorus d’orgue, de guitares à l’unisson, relance perpétuelle des deux batteries, chorus des deux batteurs, qui se complètent. Chorus de basse. Dans L’ABB tout le monde complète tout le monde pour la bonne marche d’une entité vivante, six têtes et un seul et unique corps, six êtres pour un seul et unique résultat la bonne marche, la bonne fonctionnalité d’un groupe, d’une fraternité. La fin de « Mountain Jam » est proche, le dernier morceau « Drunken Hearted Boy » d’ Elvin Bishop est un blues.

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9. « Hot ‘Lanta« 

Durant les deux jours l’ABB a donné quatre concerts, deux par jours. Un en début de soirée,  le second quelques minutes après le premier, à l’époque ça se passait ainsi. Alors au final,  The Allman Brothers Band  The Fillmore Concerts, grand album? NON pas grand album, mais album totalement indispensable, comme l’air que l’on respire, l’eau que l’on boit, le soleil pour nous chauffer, et nous rappeler que la Musique est quelque chose de magique, de majestueux, d’instantané, car aucun concert n’est vraiment jamais le même.

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Quelques semaines plus tard Duane Allman se tue en moto, avant la sortie du live At Fillmore et du Derek & The Dominos . The Allman Brothers, virtuosité, génie de la six cordes en la personne de Duane Allman, une interprétation transcendée par la qualité de tous ses membres. Le Live Fillmore marque hélas la fin d’une époque, mais le début de bien d’autres, passant par de nombreux changement de personnels, jusqu’à la renaissance début 1990 avec Warren Haynes,

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et l’arrivée un peu plus tard de Derek Trucks.

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11. « Whipping Post« 

Jusqu’à ce triste 28 octobre 2014 après une tournée et une série de concerts au Beacon Theatre de New York, où l’ Allman Brothers Band, ayant annoncé sa séparation définitive, donna le dernier concert de sa longue et merveilleuse carrière…Quarante cinq ans au service du blues, quarante cinq ans pour entrer dans l’histoire…

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Tout a hélas une fin, même les meilleures choses… Il est bien triste Papyblues, bien triste…..

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 Vu la durée du double cd, et la longueur de certains morceaux, je ne vous ai pas mis, la totalité du Fillmore, mais pour les chanceux qui ne connaitraient pas cette merveille, et qui vont avoir le bonheur de le découvrir, il y a largement de quoi se rendre compte, et se faire une petite idée…sur la « chose » !!!!

 

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