« Tarkus » est un immense succès dans le monde entier. En Europe, aux Etats-Unis, en Asie, en Australie, les ventes de l’album sont énormes. EMERSON LAKE & PALMER deviennent des stars incontournables de ce que l’on nomme le Rock Progressif. Les tournées qui suivent la sortie de l’album leurs font faire le tour de la terre, aucun pays n’est épargné par cette vague qui emporte tous les suffrages sur son passage. La réputation d’organiste, pianiste d’exception de KEITH EMERSON, capable de jouer du rock, du classique, du jazz, ou de partir dans de folles improvisations, son jeu de scène délirant, il se couche sur son orgue
jouant à plat ventre, ou bien à l’envers, et plante des couteaux pour maintenir des notes, n’est pas usurpé. GREG LAKE enchante par le timbre délicat de sa voix, il avait déjà séduit le monde en chantant dans les deux premiers albums de King Crimson, le chanteur d« Epitaph » c’était déjà lui, et la délicatesse peut faire place à la puissance quand il est nécessaire, son jeu de basse soulignant les mouvements du morceau, est magnifique,
et quand il prend une guitare, il nous donne des chorus de toute beauté comme dans « Tarkus ». Et que dire du jeu de CARL PALMER, à peine 20 ans à son entrée dans le groupe, et déjà une précision rythmique hallucinante, un accompagnement précis et une technique fabuleuse.
CARL est un grand batteur, puissant mais sans aucune lourdeur, passant aussi aisément du binaire au ternaire, relançant les morceaux, toujours prêt au bon moment. ELP est un très grand groupe, où la virtuosité, la technique n’a pas entrainé de froideur et de démonstration gratuite et inutile
La suite de « Tarkus » s’annonçait ardue, succéder à un Chef d’Œuvre est toujours difficile. Pour casser le mouvement attendu par tous, le groupe sort l’enregistrement d’un extrait de concert donné à Newcastle en Angleterre, durant lequel avait été joué une adaptation d’une des œuvres les plus connues de Modest Moussorgski, « Pictures At An Exhibition » « Les Tableaux d’Une Exposition ».
Le succès est immédiat, surtout que la maison de disque décide de vendre le disque à un prix promotionnel. Le monde entier s’arrache l’album. Ce qui assoit encore un peu plus la renommée, la notoriété du groupe, qui dans l’absolu, n’en n’a pas vraiment besoin. Mais le disque est fabuleux, le mélange des genres est absolument parfait, et pour l’époque la qualité de l’enregistrement est plus que remarquable! EMERSON LAKE & PALMER devient l’un des plus grands groupes du monde, l’égal des Stones, des Who, de Led Zeppelin en nombre de disques vendus et en popularité.
En janvier 1972, le groupe est en studio pour son prochain et tant attendu album. Les fans du monde entier doivent attendre le 6 juillet 1972 pour découvrir « TRILOGY », et toute la richesse de ces compositions. Dès sa sortie, il se classe à la 5ème place du Billboard aux Etats-Unis, et même chez nous, en France, il rentre directement à la 14ème place du Bestop
du mois de septembre 1972, et un mois plus tard il grimpe à la 3ème place!
« TRILOGY » moins emblématique que « Tarkus », moins inventif, moins épique, pourtant chaque composition est ciselée comme un diamant. N’empêche, les amateurs, les fans, le public sont quelque peu déçus, le rock est toujours progressif, mais les titres accrochent moins. ELP a l’intelligence de ne pas refaire le même album, ce qui aurait été chose facile, mais non, le groupe veut mettre une nouvelle pierre à son édifice, d’une autre couleur.
De nombreux fans trouvent certains titres trop longs, comme par exemple le titre « ABADDON’S BOLERO » une variante de 8 minutes sur le style du Boléro de Ravel alors que les 20 minutes de « Tarkus » semblaient bien trop courtes… C’est vrai que ce titre n’apporte rien à la gloire du groupe. Et pourtant que de belles choses dans ce disque « THE ENDLESS ENIGMA » divisée en trois partie, « PART ONE »
« FUGUE »
et « PART TWO ». C’est une pièce ambitieuse, puissante, épique et lyrique.
« FROM THE BEGINNING » merveilleuse chanson où GREG LAKE s’accompagne à la guitare acoustique, et qui deviendra le single le plus vendu du groupe.
« THE SHERIFF » n’apporte pas énormément et s’apparente
un peu à « Are You Ready Eddie » de « Tarkus », un petit morceau pop qui pourrait être joué dans un saloon au Texas. « HOEDOWN (Taken from Rodeo) » une adaptation d’un morceau d‘Aaron Copeland,
dans laquelle EMERSON s’en donne à cœur joie avec ses moogs, et tous ses claviers. « TRILOGY » avec ses presque 9 minutes est une pièce de choix, mélangeant douceur, force et rapidité, aux climats mouvants et changeants, ce morceau est dans la pure tradition d’EMERSON LAKE & PALMER.
« LIVING SIN » a toujours été un titre que j’adore, CARL PALMER pour l’album avait reçu son nouveau kit de batterie avec 8 toms médiums, (même s’il joue des percussions dans certains titres) et dans ce morceau, on l’entend faire deux fois une descente de toms. Morceau chanté dans un registre plus grave que d’habitude par LAKE. Un morceau un peu atypique.
Et l’album se termine par le fameux « ABADDON’S BOLERO » dans la tradition comme je l’ai dit plus haut du Boléro de Ravel. Ce n’est pas un mauvais titre, le style répétitif normal au Boléro, est bien fait, bien joué, mais je comprends que l’on puisse se lasser plus rapidement, par rapport à un titre plus traditionnel.
Pourtant de nombreux critiques et autres fans ont clairement dit que « TRILOGY » était le meilleur album d’ELP, GREG LAKE lui même a déclaré que c’était « …son disque préféré, en tout cas un des meilleurs… » « EMERSON LAKE & PALMER » est un triumvirat, dans lequel chaque membre possède en fin de compte un rôle bien établi, EMERSON apporte sa connaissance le la Musique Classique, LAKE représente le côté Pop Rock, quant à PALMER il amène une mouvance plus Jazz et rythmique. Chaque musicien est un virtuose, mais personne ne cherche à épater l’autre, chacun œuvre pour le groupe, et pour la qualité de la musique.
Le groupe partit de nouveau en tournée afin de promouvoir ce nouvel album, et encore une fois traversa le monde entier. Durant un concert au Japon, le public fut tellement « expansif » que le concert devint vite une émeute,
et nos trois amis d’ ELP durent quitter la scène à toute vitesse, sauter dans les limousines qui les attendaient derrière les coulisses, et rejoindre leur hôtel…
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