COLOSSEUM : »THOSE WHO ARE ABOUT TO DIE SALUTE YOU ». 1969

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1969, bien avant la grande période de Jazz-Rock du milieu des années 70, COLOSSEUM fut un des premiers à essayer de combiner une musique Rock puissante, possédant des couleurs Progressives, aux subtilités techniques du Jazz. Chaque musicien possède déjà un background impressionnant. JON HISEMAN fabuleux batteur et DICK HECKSTALL-SMITH saxophoniste de talent, ont joué avec le groupe du célèbre Graham Bond « Organization », au sein duquel, HISEMAN remplace Ginger Baker. Puis on les retrouve dans les non moins célèbres « Bluesbreakers » de John Mayal et sur l’album « Bare Wired ».

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Certains ont participé au groupe de Georgie Fame, « New Jazz Orchestra ». Mais JON HISEMAN veut former avec son ami DICK son propre groupe. Il recrute DAVE GREENSLADE aux claviers, TONY REEVES à la basse, avec qui il a déjà joué dans des groupes durant sa jeunesse, et le guitariste chanteur JAMES LITHERLAND. Le nouveau groupe est né, il se nomme COLOSSEUM. En l’espace de trois années, le groupe va explorer des territoires encore quasiment vierge, apportant la force brutale du Rock, aux rivages virtuoses et sensuels du Jazz. Il reste un groupe charnière de cette nouvelle tendance Jazz-Prog-Rock de cette seconde moitié des années 60, bien qu’un des moins connus.

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En fin d’année 1968, COLOSSEUM enregistre son premier album chez le label « Bronze », un album puissant, équilibré, mélangeant de nombreuses influences sous un style immédiatement reconnaissable, car COLOSSEUM possède un son bien à lui. La technique de ses membres n’est plus à prouver, ce sont tous des virtuoses de leur instrument. La puissance du groupe saute immédiatement aux oreilles de l’auditeur. De nombreux instrumentaux parsèment l’album, durant lesquels chaque musicien peut montrer les capacités de son talent, en prenant un chorus, imposant son nom et ses qualités. A la différence d’autres groupes, où un leader est mis en avant, dans COLOSSEUM chacun peut s’exprimer selon son envie et le style du morceau.

colosseum-those-who-are-about-to-die-salute-you-146082(Il existe deux pochettes différentes)

On peut donc dire sans trop se tromper que « THOSE WHO ARE ABOUT TO DIE SALUTE YOU » traduction du célèbre dicton éructé en direction de César, par les gladiateurs dans les arènes antiques « Morituris Te Salutant », « Ceux Qui Vont Mourir Te Salue », qui sort en 1969, est le premier album de Jazz-Progressif-Rock. Il ouvre la voix à la Fusion, et à d’immenses groupes qui apparaitront bien des années plus tard, Weather Report, Eleventh House, Passport, Return To Forever et bien d’autres encore. Il est à noter que l’album sort la même année que le premier Magma, et bien que totalement différent possède une envie de métissage commune… Les prouesses techniques de chaque membre de COLOSSEUM sert à la mise en valeur de la communauté musicale, et donne cette touche bien particulière au groupe, cette puissance énorme, ce swing rock intense et explosif.

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Chaque titre est différent, et explore un style particulier, nouveau, peu conventionnel pour l’époque, mais tout de même très accessibles pour l’auditeur. Pourquoi un peu plus haut l’ai je comparé à Magma, et bien parce que ce premier album « THOSE WHO ARE ABOUT TO DIE SALUTE YOU » est un album intemporel, et d’une très grande qualité! Il est aujourd’hui aussi impressionnant à écouter que le jour de sa sortie. La remarquable qualité des musiciens, au jeu délié et inspiré, tel celui de DICK HECKSTALL-SMITH éclatant de virulence, ou délicat comme la caresse d’une plume,

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participe à la création de mélodies imparables, de breaks saisissants, soutenus et sans cesse relancés par un magistral JON HISEMAN, permettent à ce premier album d’être on peut le dire d’une fulgurante originalité, et d’un style hors du commun… Car en plus, le Blues n’est en plus jamais très loin. Nous sommes à la grande époque du British Blues, mais ce dernier est tordu dans tous les sens par COLOSSEUM, et prend ainsi des chemins nouveaux et inconnus qui se nomme Progressif et Jazz.

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Et ça commence très fort avec « WALKING IN THE PARK » un morceau de Graham Bond, une pulsation de chaque instant, des musiciens au top, une parfaite cohésion,

des chorus de guitares soutenus par une Machine qui swingue sans temps mort. Mélange parfait de Blues, de Rock et de Jazz. « PLENTY HARD LUCK » continue le voyage, toujours cette parfaite cohésion assez incroyable, toujours cette fusion musicale qui nous emmène loin du traditionnel, DAVE GREENSLADE nous offre un chorus de claviers parfait, inspiré, où chaque note est sentie,

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suivi par un saxophone qui semble nous raconter une histoire, soutenu par une section rythmique de folie, comme souvent HECKSTALL-SMITH joue avec deux saxophones dans la bouche un ténor et un alto, gimmick qu’il a reprit à l’un de ses mentors, Rahsaan Roland Kirk,

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immense Jazzman aveugle. « MANDARIN » nous amène sur des rives plus japonisantes, très original et nouveau, on change complètement de genre, avec un chorus de basse de TONY REEVES, une pulsation moins violentes,

plus en demie teinte, un accompagnement plus jazzy, plus ternaire, ce morceau est basé sur une échelle de graduations japonaise arrangées par REEVES.

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« DEBUT » est le premier morceau que le groupe joua ensemble, on revient vers un terrain plus bluesy, un saxophone tendre, puis les musiciens partent et le titre prend son envol, guitare, break de batterie, et on repart sur un tempo martial et un superbe saxophone alto qui s’envole se dédouble,

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et laisse sa place aux claviers, l’accompagnement n’est ni vraiment Rock, ni vraiment Jazz, c’est du pur COLOSSEUM, ça balance grave et ce n’est que du bonheur, petit chorus de relance d’ HISEMAN comme un break, et le morceau se termine dans toute sa splendeur. « BEWARE THE IDES OF MARCH » magnifique morceau progressif, plein de douceur, d’après un thème de la fugue, tirée de la « Toccata et Fugue en ré mineur » de Bach, qui ressemble un peu à « A Whiter Shade Of Pale », qui après un petit chorus de clavecin, part en ternaire, et qui permet à chaque musicien de prendre un chorus, comme une carte de visite, démontrant ses possibilités techniques. Belles ambiances enchaînées, très beau titre

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 « THE ROAD SHE WALKED BEFORE »

est un morceau de DICK HECSTALL-SMITH, bien jazzy, solo de piano, percussions. Court mais une musique qui reste en tête. « BLACKWATER BLUES » grand classique du bluesman Leadbelly, une belle guitare installe l’ambiance, celle de Jim Roche, la musique de l’Âme est de retour, un vrai blues, une guitare omniprésente, et un magnifique saxophone chaloupé sur une ligne de basse, difficile de faire plus beau.

Le groupe qui revient petit à petit, grand morceau. COLOSSEUM peut tout jouer, il en a le pouvoir, il a les musiciens pour. Petit break de sax parfait pour relancer le morceau. Rien à dire c’est parfait !!!

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« THOSE ABOUT TO DIE » dernier titre du disque, est chauffé au fer rouge, ça pulse fort, ça break à tout va, ça swingue, un beau chorus de guitare, un accompagnement idéal, claviers, changement d’ambiances, on est plus dans dans le Prog, et d’un seul coup ça part en jazz sur un chorus d’orgue, géant, et ça joue comme si demain n’allait pas exister, et re-Rock-Prog. Quel éventail…Un saxophone qui s’emballe, une batterie qui roule, c’est vraiment très fort, et c’est fini.

Quatre instrumentaux sur cet album, le reste est chanté.

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COLOSSEUM n’a pas eu la chance d’un Emerson, Lake & Palmer, d’un King Crimson, et pourtant la qualité du groupe est indéniable, ses musiciens dignes des plus grands. Mais comme partout et dans tout il faut un facteur « chance »… « THOSE  WHO ARE ABOUT TO DIE SALUTE YOU » se classe à la 15ème place dans les charts Britanniques, et en Mars 1969, COLOSSEUM participe à l’émission « Supershow » avec le Modern Jazz Quartet, Led Zeppelin, Jack Bruce, Rahsaan Roland Kirk Quartet, Eric Clapton, Stephen Stills et Juicy Lucy.

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Les critiques sont plus tôt bonnes, à l’instar de celle de Allmusic qui écrit « … l’album est un puissant déchaînement de prouesses instrumentales de chaque membre à un moment donné , tout en consolidant chaque talent pour former une effusion explosive du jazz progressif et de rock du futur… la variété et le caractère unique de chaque chanson, le jeu des musiciens, et la capacité du groupe à créer un mélange de jazz, rock, et d’éléments classiques non conventionnel mais encore accessible sont leurs grandes forces… »

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Ce premier album n’est que le début d’une aventure qui les mènera après un split en 1971, à la création de Tempest, puis d’un Colosseum II, éphémère avec Gary Moore à la guitare, puis en 1994, à la reformation du vrai COLOSSEUM pour notre plus grande joie. Mais de ça, nous reparlerons plus tard !!!

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