THE CULT : « ELECTRIC ». 1987

La sortie de leur album « Love », pose THE CULT sur les rails de succès et de la reconnaissance. L’album est truffé de hits, et les réactions du public dans la tournée qui suit, sont à la hauteur de l’album. Le groupe qui s’éloigne de plus en plus du style punk de ses débuts, gagne un public plus important, et surtout beaucoup plus large. « Love » touche énormément de monde.

Des mélodies parfaites entre rock et psychédélisme, donnent des couleurs extraordinaires à l’ensemble du disque. Mais voilà, il faut donner une suite à ce succès. IAN ASTBURY, BILLY DUFFY et leur producteur Steve Brown, se mettent donc au travail pour la composition d’un nouvel album qui devrait s’intituler « Peace ». Le groupe s’établit au Manor Studio, et enregistre petit à petit les nouveaux morceaux.

Et là, DUFFY et BILLY se trouvent confronté à un sérieux problème. Les titres enregistrés sonnent exactement comme « Love », même type d’arrangements, même sonorités… Un « Love » numéro deux. Il est donc décidé de changer de producteur et c’est RICK RUBIN qui s’installe aux manettes, et leur demande de concevoir pour ce nouveau disque une vision plus hard rock basique, plus métal, plus carrée, plus épurée.

Conscient de la justesse des propos de RUBIN, le groupe part pour New York et réenregistre totalement l’album. Le résultat est totalement différent. Et c’est ainsi qu’en 1987 sort « ELECTRIC », un véritable album de hard rock, brûlot incandescent, dans la plus pure tradition, illuminé de morceaux absolument fantastiques. Comme je l’avais déjà dit dans un autre article, la seule chose qui me gêne, mais cela n’engage que moi, c’est LES WARNER, leur nouveau batteur.

Je lui trouve le feeling et le jeu d’un bucheron arriéré. La finesse est un mot qui ne figure pas dans son vocabulaire… Dommage. Mais c’est le seul point qui m’ennuie dans ce fantastique album. ASTBURY chante vraiment très bien, DUFFY nous assène des soli monstrueux, et les lignes de basse de JAMIE  STEWART parachèvent le tout de la meilleure manière qui soit. Avec « ELECTRIC », THE CULT s’installe au Panthéon des groupes de hard, et gagne une notoriété internationale.

Le look du groupe se fait plus métal, longs cheveux noirs, cuirs, bagues et postures typiquement hard. Le groupe est à un tournant important de sa vie, tout change, un cap est atteint, THE CULT change se statut. L’énergie produite par l’album est énorme, le son est monstrueux, tout à fait dans le style des productions de RICK RUBIN.

Les influences de DUFFY sont bien présentes dans certains morceaux, Cream, Led Zeppelin, AC/DC et Rolling Stones. Il a composé toutes les musiques du disque, ASTBURY en a écrit toutes les paroles. Toutes, à l’exception de la reprise de Steppenwolf  « BORN TO BE WILD ». Dans une interview de 1989, BILLY DUFFY explique

« …Nous avons fait deux choses avec « Electric » . Nous avons dépouillé notre son au maximum et nous avons réappris les éléments fondamentaux avec lesquels on crée un album de Rock. A savoir : La guitare rythmique, la basse, la batterie et le chant dans leur forme la plus simple, la plus nue. Nous avons aussi voulu éviter de tomber dans le son « rock préfabriqué… » 

Et effectivement, c’est ce qui explique l’immense succès de l’album, son côté bombe atomique qui dévaste tout sur son passage. Du vrai et jouissif rock’n’roll, dans la plus pure tradition. À l’époque où la majorité des groupes de rock fraternisaient avec une FM sirupeuse et indigeste, THE CULT enfonce le clou avec un album effervescent, pétillant de mille feux, Rock’n’Rollesque jusqu’à la gueule, et ça, c’est bon et pas seulement pour le moral…

Même si, il faut bien l’avouer l’album a surprit plus d’un fan de la période précédente, accroché à un psychélisme flower-power très ancré dans les sixties. Mais c’était ce style de musique que THE CULT avait dans le ventre, et qu’il se devait d’enfanter. Comme le dira BILL DUFFY à l’époque :

« …On se souviendra d’ « ELECTRIC » comme l’album « rock » de THE CULT, de même qu’on se souvient de tel ou tel album des Stones comme le plus blues… » Maintenant, parlons un peu des morceaux, et voyons ce qu’ils ont dans le ventre. Les hostilités débutent avec « WILD FLOWER ».

Une guitare rythmique bien carré, une phrase qui se répète, et Baam, c’est parti !!! Et ça commence plutôt bien, sans fioritures, la voix d’ASTBURY est bien en place, la batterie martèle le cadence. On croirait presque un morceau d’AC/DC. On est tout de suite dans le ton, et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est très efficace.

Mélodie et refrain sont imparables. Le chorus de BILLY est ciselé comme un diamant. Premier titre parfait, et fort heureusement, on est très loin de « Love »« WILD FLOWER » est le premier hit de l’album. « PEACE DOG » reprend un canevas très proche.

Un riff très rentre-dedans, très minimaliste, une batterie métronomique, et c’est reparti pour un tour. Sur un rythme un peu plus lent, le groupe continue son martèlement, et putain que c’est bon !!!

Magnifique guitare tout au long du morceau, sans oublier un magnifique boulot aux vocaux. Deuxième hit du disque, et génial morceau, « LIL’ DEVIL » nous emmène très haut. Titre hymne coup de poing, avec un air des Rolling Stones,

ce titre reste immédiatement dans la tête dès la première écoute. Une basse grondante, une superbe guitare, et chanteur accompli, tout est là pour faire un immense succès.

Ce qui se passera bien entendu. C’est plus vers les Cream que se penche le morceau suivant « APHRODISIAC JACKET »,

avec une mélodie vraiment proche du titre « White Room ». Très bon morceau au demeurant, répétant toujours la même formule gagnante, pour notre plus grand plaisir. « ELECTRIC OCEAN » toujours du rock pur et dur, bien binaire. Que de l’efficace, rien d’autre, et encore une guitare bien en avant, ce qui est caractéristique de cet album.

« BAD FUN » passe un vitesse supérieure, et déboule, un peu plus rapide que les titres précédents.

Guitare, basse et batterie à l’unisson créent un mur musical que seule la voix parvient à casser. Un morceau de « bad boys ». Bienvenue les bikers, on vous attendait… « KING CONTRARY MAN », ASTBURY nous dit qu’il a rencontré le Diable. À l’écoute du morceau, on peut le croire sur parole, ça va à cent à l’heure.

La guitare est hargneuse à souhait, ça ne rigole absolument pas. Le huitième morceau est le meilleur titre de cet album « LOVE REMOVAL MACHINE »

Un riff très Stonien, une basse bien sèche, une batterie un peu « bourrin » un refrain qui semble évident. C’est comme cela que l’on réussi à faire un tube. Cassures de rythme, une voix à la limite du décrochage, un magnifique chorus de guitare, un rythme qui s’accélère sur la fin, bravo, le hit est là…

Reprise de Steppenwolf, « BORN TO BE WILD » est l’unique cover de l’album, et bien dans son esprit, mais en dessous de la version originale.

Le chorus de guitare n’arrive pas à s’envoler, il y a quelque chose de raté dans cette reprise. Tant pis, ce n’est pas non plus dramatique. Cela peut arriver, la preuve… « OUTLAW » rattrape le ratage précédent,

on revient à du rock sans fioriture, sans fausse note. « OUTLAW » est un très bon morceau, et DUFFY une fois de plus fait saigner sa guitare sur des riffs tranchants comme des lames de rasoir…

Et déjà on arrive à l’ultime morceau. « MEMPHIS HIP SHAKE »

carré et lourd, ce titre clôt parfaitement « ELECTRIC » avec puissance et fermeté. THE CULT a parfaitement su éviter le piège de la copie de son album précédent. Il a créé avec « ELECTRIC » un vrai disque de rock dans ce qu’il a de plus simple et de plus basique, rompant radicalement avec le son psychédélique de « Love ». Revenir aux fondamentaux.

Il a posé le premier jalon d’un renouveau discographique qui verra son apogée avec l’album « Sonic Temple »,

son Chef d’Œuvre !!! Mais ça c’est une autre histoire dont je vous ai déjà parlé…

 

 

 

 

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