BOB SEGER & THE SILVER BULLET BAND : « LIKE A ROCK ». 1986

1986 est une année lourde d’évènements ayant secoué le monde. La catastrophe de Tchernobyl fait trembler la terre entière, et interroge sur les retombées nucléaires, heureusement pour nous, le nuage radioactif s’arrête à la frontière française, il a eu peur de nous. On pousse un ouf de soulagement !!! Le Paris-Dakkar est en deuil, un hélicoptère s’écrase dans le désert malien, à son bord, Daniel Balavoine et quatre autres passagers sont tués. Aux États Unis, la navette spatiale Challenger explose à quatorze kilomètres d’altitude et tue sept astronautes. Pour ce qui concerne la musique, il se vend en France 57 millions d’albums, et 56 millions de Single. En tête des Hits Parade on voit défiler entre autres, Jean-Jacques Goldman & Michael Jones avec Je Te Donne, Balavoine l’Aziza, Stéphanie de Monaco Comme Un Ouragan, Jeanna Mas En Rouge & Noir, Images Les Démons de Minuit, et Johnny Hallyday Quelque Chose de Tennessee. Aux États Unis, en haut des Charts et des ventes de disques de Rock, pour n’en citer que quelques uns, Bon Jovi Slippery When Wet, Bruce Springsteen Live 1975-85, Metallica Master Of Puppets, Paul Simon Graceland, Queen A Kind Of Magic, Van Halen 5150. Cette même année Bob Seger & The Silver Bullet Band sortent l’album « Like A Rock », produit par Seger et Punch Andrews. Les musiciens qui jouent sur cet album sont très nombreux, alors accrochez-vous. Le Silver Bullet Band en cette année, se compose de Craig Foster aux claviers, Chris Campbell à la basse et Alto Reed aux saxs. Pour les guitares, Seger fait appel à Dawayne Bailey pour « Like A Rock », Pete Carr pour « American Storm », Dan Huff pour « Sometimes », Fred Tackett pour « The Ring », « Sometimes » et « Somewhere Tonight » et Rick Vito qui remplaça Lindsay Buckingham au sein de Fleetwood Mac, pour la guitare acoustique, électrique, et slide sur « Like A Rock », « Miami », « The Ring », « Tighrope », « The Aftermath » et « Somewhere Tonight », il prend également le solo sur « Like A Rock », « The Aftermath ». À la batterie John Robinson à l’exception de « American Storm » Russ Kunkel, Gary Mallaber « The Ring ». Aux percussions Paulinho Da Costa. Les claviers additionnels sont tenus par Bill Payne sauf sur « Tightrope », le synthétiseur de « It’s You » est joué par David Cole. Les cuivres, à la trompette sur « Miami » Gary Grant (Et non, pas l’acteur!!!) Gary Herbig sax sur « Miami », Jerry Hey trompette sur « Miami », « The Aftermath », « Sometimes ». Kim Hutchcroft saxophone sur « Miami » et « Sometimes », Bill Reichenbach Jr Trombone sur « Miami », « The Aftermath », « Sometimes ». Marc Russo saxophone sur « Miami », « The Aftermath », « Sometimes », Ernie Watts saxophone sur « Miami », « Tha Aftermath », « Sometimes ». Beaucoup de monde également, aux vocaux. Laura Creamer chœurs sur « Tightrope », « The Aftermath », « It’s You », « Somewhere Tonight ». Mark Creamer vocaux sur  « Tightrope », « The Aftermath », « It’s You », « Somewhere Tonight ». Donny Gerrard chœurs sur  « Tightrope », « The Aftermath », « It’s You », « Somewhere Tonight ». Don Henley chœurs et harmonie vocale sur « Miami ». Shaun Murphy voix et chœurs sur « Tightrope »,  chœurs sur « The Aftermath », « Somewhere Tonight », harmonie vocale on « Sometimes », « It’s You ». Timothy B.Schmit vocaux « Miami ». The Weather Girls (Izora Armstead & Martha Walsh) vocaux sur « Like a Rock », « Tightrope » et « The Aftermath ».

Bob Seger n’a strictement rien d’une rock star, c’est un gars ordinaire, un américain moyen qui n’hésite pas à se salir les mains, issu de la classe ouvrière, comme ses deux potes, John Mellencamp et Bruce Springsteen, il représente la voix du peuple, le gars du Michigan, resté toujours fidèle à ses racines populaires. C’est peut être pour cette raison, qu’il a autorisé durant des années, de 1991 à 2004, la marque Chevrolet à se servir du morceau « Like A Rock » pour les campagnes publicitaires pour ses camions fabriqués aux États Unis. Beaucoup de modèles Silverado ont été vendus grâce à cette chanson, considérée aux USA comme l’un des meilleurs choix pour une campagne publicitaire dans l’histoire de la musique. À la sortie de l’album, Seger a dépassé les quarante ans, sa musique, comme ses textes ont mûri, sa vision, sa façon de penser ne sont plus les mêmes. Sa manière de voir, et d’expliquer le monde qui l’entoure a changé. Dans un article au magazine Creem, en 1986, il déclare « Il s’agit de grandir, de l’âge de vingt ans, jusqu’à celui de trente, je n’ai pas vendu beaucoup de disques, mais je faisais toujours du Rock’n’Roll. C’est ce que je ressentais à l’époque. Entre trente et quarante ans, j’ai mûri, je suis devenu plus mature, mes textes en étaient le parfait exemple. Certainement que « Like A Rock » parle moins à un gamin de vingt ans, mais c’est le reflet de ce je suis maintenant à plus de quarante ans. Au départ, cet album devait sortir en 1984, sous le titre « Americain Storm », Seger avait composé une bonne vingtaine de chansons. Puis sans que l’on sache vraiment pourquoi, il a décidé de changer le titre et de balancer une grande partie de ses compositions, il était habité de doutes quant à ce nouvel album. Plus de quatre mois furent nécessaire pour le mixage, sous la surveillance et la participation active de Seger. Il voulait que le son sortant des autoradios de voitures, ne soit pas juste moyen, mais qu’il saute à le gorge, qu’il soit monstrueux. Robert Hillburn, écrivait le 13 avril 1986, dans le Los Angeles Times« Bob Seger revient dans l’oeil du la cyclone ». Au début des années quatre vingt, la vie sentimentale de Bob Seger est tourmentée, discorde, séparation, remise en question, c’est durant cette période qu’il écrit certains textes, se posant des questions sur lui, son entourage, sa carrière. Il dira :« …De « Live Bullet » à « Against The Wind », j’ai à peine pris un jour de congé. Travail, travail, travail… » Concernant certains des nouveaux musiciens l’accompagnant sur l’album, Seger dira au Musician Magazine de juin 1986 :

« Les musiciens les plus importants sur « Like A Rock » sont Rick Vito… et John Robinson, qui a fait de grandes choses sur « Thriller » de Michael Jackson, et qui a tourné avec Glenn Frey. »

Avant de commencer l’écoute de l’album, quelques mots. Bob Seger a murît, c’est un fait, sa voix est plus belle que jamais, d’accord. Mais cet album est-il le chef d’œuvre attendu depuis près de quatre ans, depuis le très bon « The Distance ». Pas vraiment, « Like A Rock » est un bel album, contenant de belles, même très belles chansons, mais n’est pas exempt de défauts. Quelques musiques, rappellent un ancien morceau, et surtout, je trouve les synthés beaucoup trop présents pour un album de Rock. C’est un peu l’époque qui veut ça! Le disque s’ouvre sur « American Storm » un bon Rock comme Seger en a le secret. Le morceau est direct, et possède cette magie, qui le rend évident, naturel, même si on peut lui trouver une certaine ressemblance avec « Even Now ». C’est après avoir lu la biographie de John Belushi par Bob Woodward, que Seger compose cette chanson,

qui parle de drogue, plus exactement de cocaïne. Il expliquera au New York Times en mai 1986 : « Au sujet des drogues, j’ai été averti très tôt, mon père était alcoolique, et a quitté la maison quand j’avais dix ans. Mais j’avais compris quel était son problème, et ayant vu les ravages que cela provoquait, ça m’a rendu très prudent… Les gens ne savaient pas de quoi la chanson parlait, je ne l’ai dit que des semaines plus tard… »

Le morceau donne envie de bouger, de taper dans ses mains, de secouer la tête, pas de chorus, une ligne de piano, qui se répète et ondule tout le long de la chanson. « Like A Rock », peut être la plus belle chanson de l’album, voir une des plus belles chansons de Bob Seger, également reprise par notre Jojo national.  « Like A Rock » et sa guitare qui pleure à vous donner des frissons, entre ballade et country, en peu de mot, chef d’œuvre. Tout simplement. Dans une interview de 1994 pour « Music Connetion », Seger nous dit « … Il y a des jours, où j’écris, j’écris énormément, sans vraiment savoir où cela me conduit, c’est ce qui c’est passé avec « Like A Rock », j’ai écrit les premiers vers, avant de savoir vraiment ce que je faisais. Et un jour, j’ai trouvé le gimmick « Like A Rock » et j’ai vu que ça fonctionnait… »   

« …Inspiré par la fin d’une relation amoureuse de onze ans, cette chanson explique que les meilleures années de votre vie, sont dans l’adolescence tardive, quand vous n’avez pas d’engagements spéciaux et pas de carrière. C’est votre dernière explosion de plaisir avant de vous diriger vers le monde cruel des adultes… » expliquera Seger dans le New York Times en 1986.

« Je me tenais là fièrement, Transpirant sous le Soleil, Je me sentais comme un million, Je me sentais le N°1, La chaleur de l’été, Je ne m’étais jamais senti aussi fort, Comme un roc, J’avais 18 ans, Je m’en foutais, Je bossais pour que dalle, Pas un sou à mettre de côté, Mais j’étais sec comme un clou, Et solide, Comme un roc, Mes mains était fermes, Ma vue était claire et perçante, Ma démarche assurée, Mes pas était rapides et légers, Et je tenais fermement, À ce que je croyais être la vérité, Comme un rock, Comme un roc, j’étais aussi fort que je pouvais l’être, Comme un roc, jamais rien ne m’arrivait, Comme un roc, fallait me voir, Comme un roc,

 Je me tenais droit comme un i, Jamais importuné par le poids, De tout ces arnaqueurs et leurs combines, Je restais fier, je restais grand, Haut au-dessus de tout ça, Je croyais encore en mes rêves, Vingt années maintenant, Où sont-elles passées?, Vingt années, Je ne sais pas, Parfois je m’assois et me demande, Où sont-elles passées, Et parfois, tard dans la nuit, Quand je suis baigné par la lueur d’un feu, La Lune apparait dans sa blancheur fantomatique, Et je me rappelle, Je me rappelle, Comme un roc, me tenant droit comme un i, Comme un roc, passant par la porte, Comme un roc, trimbalant mon fardeau, Comme un roc, Comme un roc, le soleil sur ma peau, Comme un roc, solide face au vent, Comme un roc, je me vois de nouveau, Comme un roc. »

 Troisième morceau, « Miami », joli Rock, sur un tempo médium, une mélodie simple, facile, limpide, mais chargée de nostalgie. Nostalgie que l’on comprend plus aisément quand on sait que la chanson parle des travailleurs cubains, et de la discrimination qu’ils subissent, alors qu’ils sont venus en Amérique, cette terre de liberté et d’opportunités et de rêves. Bob Seger dira « Miami » a été composé comme une célébration, beaucoup de braves gens, de travailleurs, ont vu les lumières, les paillettes, la beauté de Miami, Mais en même temps, ils étaient soucieux, car ils savaient qu’ils ne pourraient jamais plus retourner dans la société répressive qu’ils avaient quitté. »

« Ils ont vu les lumières à l’horizon, De la mer, ils sont sortis brillants, Les immeubles si hauts, Qu’ils semblaient toucher le ciel, Miami oh Miami, Ils ont senti les brises chaudes souffler, De l’étrange nouvel océan, Ils sont arrivés en toute sécurité, C’était un nouveau jour, À Miami, oh Miami, Oh ça a du leur sembler, Comme une sorte de rêve, Brillant à travers la nuit, Toutes ces lumières de la ville, en arrivant sur la plage, Affamés, fatigués, usés, Et ils sont venus, Cent mille, trouver un nouveau mode de vie, auquel ils croyaient, Loin de chez eux, Sans rien qui leur appartienne, À Miami, oh Miami, Ils ont vu les lumières, Miami. »

Un joli chorus de sax habille le titre, de son chant triste et nostalgique, en parfaite harmonie avec cette belle chanson. « The Ring » est la chanson favorite de Bob Seger sur cet album, pourtant au départ elle dépassait les huit minutes, et il l’a tout de même raccourci afin quelle n’excède pas cinq minutes trente. « The Ring » est une chanson d’amour, et parle de la difficulté des relations amoureuses entre un homme et une femme. Tout d’abord, à travers les yeux de l’homme, puis ceux de sa femme, et là, c’est différent, l’histoire change d’angle de vue. Une belle intro à la guitare acoustique lance le morceau, qui possède un joli style Country, et un non moins intéressant côté Bruce Springsteen au niveau du texte, ce qui pour moi est le contraire d’un défaut. Je ne suis donc pas loin de partager les gouts de Bob Seger, concernant cette chanson.

« Au clair de lune, Sur un air des années cinquante, il lui a jurer son amour, Une fille si rare, Une fille si belle, Une fille pour lui, c’est sur, Il se voyait se lever tous les matins, Pour le reste de sa vie, Juste pour regarder ses yeux bleus, C’est ce qu’il a toujours voulu faire, Il voyait tout à travers elle, Il était encore ado, Quand il lui avait offert la bague, Ils se sont mariés à la fin du mois de mai, Ils ont emménagés dans une petite maison, À l’autre bout de la ville, Par le grande autoroute, Et tout au long des jours, Et tout au long des nuits, Les camions et les voitures roulaient, Mais il dormait malgré le bruit, Chaque nuit il dormait si bien, Parfois elle regardait les étoiles par la fenêtre, Quelque fois, elle marchait sous la lune, Parfois, elle s’asseyait sur le lit et le regardait dormir, Espérant l’arrivé rapide de l’aube, Elle avait bien travaillé à l’école, Elle avait suivit le règlement, Se démarquant toujours des autres, Puis elle irait à l’université, Et tracerait sa route, Pour déménager dans une ville de l’ouest, Elle avait tout planifié, Elle aurait une belle carrière, Et aurait toutes les choses, qui lui ont toujours manqué, Elle se réveillerait un matin, toute ravie, Et partirait d’ici sans un regard en arrière, Beaucoup de ses amies pensaient que leur histoire finirait rapidement, Peu pensait que cette histoire durerait, La plupart pensait qu’ils avaient eu tort l’un et l’autre, Et que bientôt ça leur passerait, Vingt ans ont passé, Ses enfants sont passés à autre chose, Elle est toujours à l’autre bout de la ville, Sa plus jeune vit quelque part à Los Angeles, Son ainé travaille dans une ferme voisine, Quand son mari rentre le soir à la maison, Ils discutent pendant le souper, Habituellement il est le premier à finir, Un autre jour s’achève, Un autre jour vient de finir, Parfois dans les petites heures du matin, quand le trafic se calme, Elle entend le sifflement d’un oiseau sur une branche, Et regarde une photo d’elle, Mais elle ne regarde pas sa bague, non pas sa bague, Elle ne regarde jamais sa bague ».

En juin 1986, Bob Seger dans Musician Magazine, parlant de cette chanson disait « …Au départ la chanson durait huit minutes, elle était importante pour moi. Ça commençait avec un gars fou amoureux de sa femme, et de ce qu’ils partageaient ensemble, mais à la troisième strophe, l’histoire changeait de point de vue, c’est la femme qui raconte comment elle en est venue à abandonner tous ses rêves de jeunesse, et accepter son sort, dans une relation, vous êtes toujours entouré d’un anneau de circonstances, réunis par une alliance, ou dans un ring de boxe… »

 « Tightrope » croule sous les coups de boutoir des synthés, je le regrette un peu, car la chanson n’est pas mauvaise, mais elle est « too much » et comme le disait mon Papa, le mieux est l’ennemi du bien, trop c’est trop. Heureusement la guitare est belle, et nous gratifie d’un court mais joli solo. J’aurais aimé un habillage différent, plus Rock, guitares, piano, cuivres même, puisque la musique recèle des côtés Funky, à la place, c’est une cavalcade de synthés. Dommage.

« …Tente ta chance, on peux danser dans le ciel, C’est si bon, je pourrais mourir, ça m’est égal, Marcher lentement, en douceur sur une corde raide, Tu espères que ça dure, mais tu sais qu’on ne sait jamais, Très haut, au milieu de nulle part, Je ne sais pas, mais tu sauras quand tu y arriveras, Marcher lentement sur la corde raide, Tu espères que ça dure, mais tu sais qu’on ne sait jamais, Tu ne sais jamais, Tu ne sais jamais ».

Le morceau suivant se nomme « The Aftermath », les conséquences. Merci Bob, les synthés sont moins présents, même s’ils sont toujours là. On retrouve le Seger à la frontière du Rock et du Funky,

un piano bien à sa place, une belle section de cuivres, des chœurs, un solo de saxophone ténor, suivit par un solo de guitare. Tout est en place pour un bon morceau, on y est presque, il manque juste la « patte » du Seger d’avant pour transcender la chanson, et la faire grimper aux sommets. Heureusement, « Sometimes » est du vrai Bob Seger, une mélodie que l’on a l’impression de connaître déjà, tant elle semble évidente, un bon rythme Rock’n’Roll, pédale d’accélérateur à fond,

près pour cruiser sur la route 66, avec dans l’autoradio cette petite love story. Le piano et la guitare se mettent en valeur dans deux courts chorus. Sympathique, mais  hélas, pas primordial. « It’s You » de nouveau une chanson d’amour, sur une musique countrysante, aux accents Springsteeniens.

« … Tu es la seule raison pour laquelle je suis encore là Bébé, Tu es la seule à me garder sain d’esprit, Toi seule connais la façon de me calmer, Tu me vois par delà ma colère et ma douleur, Et juste au moment où j’atteins la limite, Cherchant une lumière pour me voir au travers, Je lève les yeux et vois la brillance, C’est toi, Je ne prétend pas comprendre, Tout ce que tu me fais ressentir… Je lève les yeux, Et chérie c’est toi… »

Sympathique, comme souvent chez Seger, même si elle ne rentre pas dans trio de tête. « Somewhere Tonight » clôture le vinyl, mais pas le cd, qui nous offre un titre bonus, et pas n’importe lequel. Mais d’abord « Somewhere Tonight », une chanson souvent blébiscitée par le public. Magnifique ballade, à mettre aux côtés des « Against The Wind » et « We’Ve Got Tonight », la voix de Seger fait des merveilles. La chanson part en acoustique avec uniquement un piano et la voix, dans le plus pur style country, avant que les instruments et les chœurs n’apparaissent avec douceur et délicatesse. C’est vraiment splendide.

« Quelque part ce soir, Quelqu’un tend la main à quelqu’un qui la refuse, Quelqu’un en a assez de toutes les raisons qu’un autre utilise, Quelqu’un ne comprend pas, Quelque part ce soir, Quelqu’un se rappelle que quelque chose est vraiment terminée, Quelqu’un pense que c’est trop tard, Quelqu’un pense que c’est trop tard, Un vent froid souffle du Nord, Les oiseaux migrateurs s’en vont, Quand le soleil glisse de plus en plus vers le Sud, Les lacs seront bientôt gelés, Et la neige couvrira les rivages vides, Là où l’amoureux se promenait, Et le ciel bleu tremblera,

Comme un harcèlement de nuages hivernaux, Et à moins que vous ne trouviez quelqu’un à enlacer, À moins que quelqu’un ne commence à vous porter, À moins que tu ne trouves la chaleur dont tu as besoin, À moins que quelqu’un ne veuille partager, Quand les longues et sombres nuits s’approchent, Que le vent de l’hiver se met à hurler, Tu ne sais pas si tu y arriveras, Sans quelqu’un sur qui compter, Quelque part ce soir, Quelqu’un fait ses valises, et quelqu’un part vraiment, Quelqu’un fait ses valises et quelqu’un s’en va définitivement, Quelqu’un n’est pas vraiment triste, seulement surpris, Quelqu’un sort par la porte, Quelqu’un sort par la porte ».

Belle chanson pour bien finir un bel album, pas dépourvu de défauts ou de faiblesses, mais qui propose tout de même de très jolies choses. Voilà donc maintenant, ce fameux morceau bonus, figurant exclusivement sur le cd, une reprise du Creedence Clearwater Revival, « Fortunate Son », enregistré en public, durant le rappel du concert donné au Cobo Hall de Detroit, Michigan, le 31 mars 1983. « Fortunate Son » chanté également par Johnny Hallyday sous le titre « Fils de Personne ». Pour ce concert, le Silver Bullet Band se composait de Chris Campbell basse, Craig Frost piano, Alto Reed orgue, Mark Chatfield guitare, Dawayne Bailey guitare, et à la batterie un nom que connaissent les anciens comme moi, le premier batteur du Grand Funk Railroad, « le bûcheron des Carpates », Don Brewer. Bob Seger introduit le morceau en jetant au public « Par un groupe que j’ai toujours aimé C.C.R. Le titre de la chanson est « Fortunate Son » 

La version est correcte, pas transcendante, juste dans la moyenne, il y manque une toute petite étincelle, un petit je ne sais quoi, pour en faire une version inoubliable, globalement, elle n’apporte rien de nouveau par rapport à celle du CCR de John Fogerty.

En résumé, du bon, voir même du très bon et du plus discutable. Le moins bon chez Seger, étant souvent meilleur que du bon chez certains… Donc, un bel album, avec des morceaux de toute beauté, qui rachètent à eux seuls les faiblesses de quelques titres. Je sais, mais je suis trop fan, j’aime trop ce mec. On pouvait lire dans le New York Times du 14 mai 1986, « …l’album « Like A Rock » possède toutes les qualités qui ont fait de Mr. Seger l’un des héros de la classe ouvrière de la musique rock au cours de la dernière décennie : des mélodies folkloriques accrocheuses, un dynamisme imparable, des paroles qui abordent la vie quotidienne des gens et, surtout, une voix qui inspire confiance…L’album possède un lien profond  et spécial avec la Soul Music. » D’autres critiques furent beaucoup moins élogieuses, ainsi pouvait on lire dans le San Jose Mercury News en avril 1986 « En termes simples, le disque est, musicalement, un ennui. Les accords de puissance et le chant rauque ont tous été entendus avant, tout comme les ballades… »Like A Rock » est rassis, dérivé rock des années 70 à son pire, la musique qui prend la manière musicale facile, qui ne se remet jamais en question ou éclaire l’auditeur… Musique qui nie le potentiel créatif et la vitalité du rock… Le nouveau Seger ressemble à l’ancien Seger, sauf quand il ressemble à quelqu’un d’autre. » Ça doit faire vraiment plaisir de lire ça quand tu viens de sortir un nouvel album… Pour le Los Angeles Times du 13 avril 1986 « …Une déception qui ne valait pas l’attente de trois ans et demi… Les arrangements plats n’aident pas. » . Certaines plumes peuvent être assassines! Pour finir sur une note plus sympathique, en 1987, Bob Seger & The Silver Bullet Band ont obtenu leur étoile sur le Hollywood Walk Of Fame. Pour des raisons de santé, un gros problème de dos nécessitant une intervention chirurgicale, Bob Seger a annulé ses concerts et pris une semi retraite en 2018, retraite qu’il quittera en 2019 pour sa tournée d’adieux, le « Travelin’ Man Tour », mais ça, c’est une autre histoire…

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