« WARRIOR ON THE EDGE OF TIME » est le cinquième album d’ HAWKWIND. Sorti en 1975, il marque la fin d’un cycle. La fin de l’âge d’or du groupe. Le côté progressif de son Rock Spatial et hypnotique est toujours présent, les synthétiseurs et autres mellotrons nous emmènent vers les confins de l’univers, dans des galaxies inconnues, à bord d’immenses vaisseaux spatiaux. Mais il ne faut pas oublier qu’ HAWKWIND est un groupe de guerriers, et comme toute marche guerrière, sa musique est rock, puissante, violente, et martèle ses rythmes avec une dimension obsessionnelle, digne d’un film de Science Fiction ou d’Heroïc Fantasy.
Une base rythmique hypnotique se renforçant d’un second batteur, ALLAN POWELL en plus de SIMON KING et bien sur les fantastiques lignes de basse de LEMMY omniprésent, qui fait chanter son instrument. Cette section est le moteur du vaisseau, c’est grâce à elle qu’il traverse l’espace sidéral, à des vitesses infernales. Ensuite les autres guerriers, DAVE BROCK guitares et synthés,
NIK TURNER saxophone ténor et soprano, flûte,
Photo by Ed Prytherch
SIMON HOUSE moog, synthés, piano et violon.
La guitare à la différence des autres groupes, n’est pas l’instrument solo par excellence, elle est plus rythmique, obsédante, avec de puissants riffs répétitifs, même si de temps en temps elle assure des chorus assez hard sur les nappes planantes et éthérées des synthétiseurs. Les musiciens du groupe sont tous fans de Science Fiction,
c’est donc avec une joie immense qu’ils acceptent la collaboration du grand auteur d’Heroïc Fantasy, MICHAËL MOORCOCK un de leur premier fan, créateur des fabuleux personnages de Dorian Hawkmoon, de Corum Jhaelen Irsei, de Jerry Cornélius, et bien sur, d’ Elric de Ménilboné dit « Le Nécromancien », son Chef d’Œuvre absolu. Chacun des ces héros représentant l’image du Champion Eternel,
du Régulateur de la Balance Cosmique entre le Bien et le Chaos dans chaque différent niveau de tous les univers. « WARRIOR ON THE EDGE OF TIME » est un concept album s’inspirant des aventures d’Elric de Ménilboné dit Le Nécromancien.
MOORCOCK leur écrit des textes et durant les spectacles, il est sur scène à déclamer des poèmes. C’est vers la même période que le groupe recrute deux danseuses dont la plus connue, STACIA
dansera parfois nue sur scène ou le corps peint de tatouages, sous la lumière crue des projecteurs ou parfois avec un effet stroboscopique. Du coup le « spectacle » est total.
Photo Jorgen Angel
Aucun problème pour outrages aux bonnes mœurs ou pour pornographie. Chose totalement inconcevable de nos jours…
D’ailleurs, HAWKWIND possède toujours des danseuses, mais elles évoluent en slip et soutien gorge, bardées d’armures de casque, d’épées et de plumes.
« WARRIOR ON THE EDGE OF TIME » ( Le Guerrier à la Lisière du Temps) alterne des titres planants, hors du temps, des choses bizarres comme les poèmes récités par MOORCOCK, de longues plages très mélodiques, où se promène un sax halluciné, des claviers fous, parfois un violon, et des moments furieux de Space Rock. Cet album fait partie des grands disques d’HAWKWIND, une construction que l’on trouve dans « Doremi Fasol Latido » leur Chef d’Œuvre. « WARRIOR ON THE EDGE OF TIME » est une plongée dans l’inconnu intersidéral, dans les profondeurs infinies des univers, et ce dès le premier morceau. « ASSAULT AND BATTERY/THE GOLDEN VOID ». Le style, le son du groupe est là, dans toute sa splendeur et sa force.
La basse de LEMMY annonce le début du voyage. Une puissance hypnotique indéniable, avec par contre des chants clairs comme pour contre balancer la fulgurance de la musique. La flûte, le sax prennent un long chorus endiablés. Des ambiances différentes au sein de ce long morceau, puisque les deux titres s’enchainent qui frise la perfection et exprime toute la magnificence d’HAWKWIND. Le morceau de l’album! « THE WIZARD BLEW HIS HORN »
est le premier récitatif de MOORCOCK sur une ambiance étrange, il nous parle de son Champion Eternel. On passe ensuite à « OPA-LOKA » un instrumental, un voyage sur un rythme martial.
« THE DEMENTED MAN » ses guitares acoustiques, ses vagues de synthé, ses cris de mouettes, est un très beau morceau qui me fait penser à du Pink Floyd.
« MAGNU » nous embarque dans une tempête de métal, c’est un des meilleurs titres du disque, avec des passages orientalisants.
Un rock psychédélique pur et dur façon HAWKWIND, avec les deux batteurs à l’unison, et des percussions africaines. Un morceau toujours joué de nos jours. « STANDING AT THE EDGE »
est le second récitatif de MOORCOCK, ponctué de tambours et de synthé. « SPIRAL GALAXY 28948 » est un autre instrumental aux claviers omniprésents, et avant-gardistes.
Un morceau agréable qui s’achève sur la troisième intervention de MOORCOCK, « WARRIORS » et ces percussions.
« DYING SEAS » s’ouvre sur la basse de LEMMY, et ressemble à une lutte entre le sax, le violon, et le synthétiseur, un titre dans la bonne moyenne, agréable à écouter.
« KINGS OF SPEED » est un morceau de hard space rock,
qui pulse bien, dans l’esprit du groupe, et qui termine l’album sur une note bien rock. Sur l’édition remastérisée de 2013, on a droit à un morceau de plus, « MOTORHEAD », et son chorus de violon, colorant curieusement le titre.
Ce sera la dernière participation de LEMMY avec le groupe, puisque mis dehors après qu’il se soit fait arrêté par la police, à la frontière canadienne, pour possession de produits stupéfiants interdits. Venant d’un groupe comme HAWKWIND il y a de quoi rire…
LEMMY s’en va et fonde Motörhead, la naissance d’un géant. Les expérimentations musicales commencées en 1971 avec « In Search Of Space » s’arrêteront avec cet album, c’est en cela qu’il marque la fin d’une période. Par contre la production du disque est excellente, et monte d’un cran par rapport aux précédentes, plus présente, plus lumineuse. La collaboration d’ HAWKWIND et de l’écrivain MICHAEL MOORCOCK continuera encore sur d’autres albums.
Sans être le meilleur disque d’HAWKWIND, « WARRIOR ON THE EDGE OF TIME » n’en demeure pas moins un bon cru, un bon millésime, avec de bons et de très bons morceaux, futurs classiques du groupe, entre coupé ça et là de choses de moindre intérêt, comme les récitatifs de MOORCOCK, servant à raconter sa vision de l’histoire. Malgré tout il reste toujours agréable à écouter, et possède une qualité sonore indéniable, cerise sur le gâteau… A sa sortie l’album se classa à la 13ème place des charts anglais, et on pouvait lire dans le Melody Maker « …Probablement l’album le plus professionnel d’ HAWKIND… »