« LA NUIT DU LOUP-GAROU », je vous en ai déjà parlé en octobre 2014, mais en relisant l’article, je me suis aperçu qu’il était un peu succinct. Faisant partie de mes films fantastiques préférés, et en plus de ceux réalisés durant ce que l’on appelle « l’Âge d’Or de la HAMMER FILMS », je me devais, alors que je vous parle depuis quelques semaines de cette grande société de production qu’a été la HAMMER FILMS
et qui renait de ses cendres, en produisant de nouveau, des films fantastiques, plus tôt réussit, tel que « La Locataire » avec Hilary Swank, Jeffrey Dean Morgan, et le grand Christopher Lee,
un thriller moderne, réaliste, et qui laisse présager de bonnes choses. Je me devais donc disais-je, de compléter mon ancien article sur ce, et je pèse mes mots, Chef d’Oeuvre du grand TERENCE FISHER le plus grand des nombreux magiciens de la HAMMER FILMS. Il est vrai, comme je vous le disais il y a plus d’un an et demi, « LA NUIT DU LOUP-GAROU » est le premier film d’horreur que je voyais de ma vie. Ce fut donc un choc visuel et cérébral. Vous pensez un loup-garou!!!
Et en plus je venais de mettre un pied dans l’univers fantastique de la HAMMER. J’étais trop jeune pour avoir lu des livres fantastiques, et la seule créature fantastique que j’avais vu au cinéma était le dragon de « La Belle Au Bois Dormant » de Walt Disney ! j’avais environ dans les dix, onze ans. Mon goût pour les films d’horreur ne m’a jamais quitté depuis, et j’ai même transmis le virus à ma fille Laura…
Le loup-garou, comme beaucoup d’autres créatures fantastiques, ont fait la renommée de la firme américaine Universal, ses monstres filmés en noir et blanc ont effrayé le monde entier. Mais depuis 1957, la firme anglaise HAMMER remet au goût du jour, et ce grâce à la couleur, les anciens monstres du cinéma outre atlantique. 1956 a vu la parution de « The Curse Of Frankenstein » et ses couleurs éclatantes de vie.
L’année suivante, 1957, c’est au tour du Comte vampire dans « Horror Of Dracula ».
Ces deux films connaîtront un succès international, et préfigureront d’un style propre à la HAMMER, le style « Gothique ». Une mise en scène rigoureuse et soignée, signée pour les deux films par TERENCE FISHER, une photographie splendide, baignant de fantastiques décors d’une atmosphère victorienne, tout à la fois belle et terrifiante, une musique de type symphonique reconnaissable aux premiers accords, et surtout, la mise en avant de deux gigantesques acteurs, Peter Cushing et Christopher Lee. Le style baroque, gothique et flamboyant de la HAMMER était né.
Après Dracula et Frankenstein, la firme anglaise s’attaque avec bonheur en 1958 à Sherlock Holmes, avec un superbe « Chien Des Baskerville »,
qui connut un énorme succès également. La notoriété de la HAMMER est à son apogée. En 1959, c’est au tour le la momie de faire son apparition sur les écrans du monde dans « The Mummy » réunissant encore une fois, comme pour le Sherlock Holmes, TERENCE FISHER, Christopher Lee et Peter Cushing.
La même année FISHER revint au noir et blanc pour donner un cachet plus authentique, plus documentaire à son remarquable « Les Etrangleurs de Bombay », qui s’éloigne légèrement de ce que l’on appelait déjà depuis quelques années l’ « HORREUR HAMMER », mais qui néanmoins reste une grande réussite.
Entre chaque « grand » film, dit d’horreur, la HAMMER réalise des films de guerre, d’action, policiers, thrillers, et d’horreur. Ainsi naîtront l’excellent « Abominable Homme Des Neiges » (1957) de Val Guest,
avec Peter Cushing, « The Camp Of Blood Island » (1957), film qui suscita en son temps une énorme polémique, « The Man Who Coud Cheat Death » (1958)
, « Yesterday’s Enemy » (1959) , « Never Take Swets From A Stranger » traitant pour l’époque 1959, d’un sujet tabou, la pédophilie, « Hell Is A City » [1959] (Un Homme Pour Le Bagne) , « The Full Treatment » (Traitement De Choc) toujours en 1959. Au cours de cette même année, la HAMMER s’attaque à un autre fleuron du fantastique dans « The Two Faces Of Dr Jekyll » (Les Deux Visages du Dr Jekyll).
Avant de se pencher sur le cas du loup-garou, la HAMMER donnera une suite à Frankenstein « The Revenge Of Frankenstein » (1958),
une suite fabuleuse au premier Dracula, cette fois ci sans ChristopherLee, mais avec Peter Cushing« The Brides Of Dracula » (Les Maîtresses de D.) (1960), peut être le meilleur film d’horreur de la HAMMER, au moins le préféré de nombreux fans.
En 1960, un nouveau personnage apparait sous les traits de Christopher Lee, un chinois, chef d’une organisation criminelle « The Terror Of The Tongs » (l’Empreinte Du Dragon Rouge)
qui rappelle énormément le sinistre Fu Manchu, créé par Sax Rohmer, qu’interprétera Christopher Lee en 1965, pour une autre firme que la HAMMER et qui connaitra cinq suites. Pour l’instant nous sommes en 1960, et TERENCE FISHER tourne « THE CURSE OF THE WEREWOLF » dans une richesse visuelle qu’on lui connait. Le jeune acteur OLIVER REED qui interprète le loup-garou,
joue ici son deuxième rôle pour la HAMMER. Les projets d’un film traitant de l’Inquisition abandonnés, la HAMMER se retrouve avec un petit village, qui va changer d’époque, et servir pour l’adaptation de JOHN ELDER du roman «Le Loup-Garou De Paris» de Guy Endore. Ce petit village d’Espagne dans les environs du XV° siècle, se retrouve au cœur d’une effroyable malédiction. « …Au XVIIIème siècle, en Espagne. Les serviteurs de l’ignoble marquis Siniestro sont les jouets de sa cruauté.
Lors de son repas de noces, il fait enfermer un pauvre mendiant, pour son simple plaisir et enferme, des années plus tard, une servante sourde-muette qui a eu le tort de refuser ses avances.
Mais le mendiant, depuis trop longtemps au cachot est devenu fou : il se jette sur la malheureuse et la viole.
Miraculeusement, la jeune servante parvient à s’échapper, mais meurt prématurément en donnant naissance à un enfant, Léon. Fruit de la folie et de la violence, le petit Léon réfrène de plus en plus difficilement
l’instinct sanguinaire qui le ronge. En lui, une bête sommeille et, les nuits de pleines lunes, cette bête se réveille, féroce, meurtrière, incontrôlable. Malgré l’amour d’une femme et l’attention de sa famille d’adoption,
Léon ne parvient pas à contrôler cette force intérieure, qui le transforme en une créature entre l’homme et le loup. Un monstre que seule une balle d’argent peut arrêter, et tuer… »
FISHER prend son temps pour bien poser son intrigue, ses personnages, les caractères de chacun. On assiste ainsi aux drames successifs qui seront à l’origine du futur monstre. Et on se rend bien vite compte que derrière le film d’horreur, ce cache un drame humain, social, qui touche au plus profond de l’âme humaine.
D’ailleurs ce n’est pas gratuit, si le générique du film s’ouvre sur un très gros plan des yeux du loup-garou desquels coulent des larmes.
C’est un drame qui va se jouer, un drame où l’humanité de tous va être remise en question.
On est loin des Dracula et des Frankenstein, l’écart entre puissants et misérables est incommensurable. La noblesse est pervertie, malade de sa folie, de son pouvoir, comme dans le début du « Chien Des Baskerville ». La vie n’est rien, elle ne compte pas, surtout la vie d’un gueux. Entre l’opulence et la misère, il y a toute l’humanité de l’être humain, sa sagesse, son intelligence, sa raison, mais l’opulence ne sait rien de cela, elle n’a jamais rien connu d’autre…
Et toute l’histoire du film nait de ça, de ces écarts sociaux inhumains, inacceptables. La malédiction est le fruit d’exactions successives, d’une mise en prison d’un mendiant pour s’amuser durant son mariage, d’un viol commis sur une jeune femme muette, dont le seul crime est d’être trop belle, et de ne pas accepter les avances du Marquis son maître, de sa mise en geôle avec le mendiant,
bien des années après son incarcération, devenu fou, bête humaine sans aucune humanité, qui s’acharnera sur la jeune femme. Deux êtres victimes de leur rang social tout en bas de l’échelle.
Même si après la jeune femme est adoptée par une famille plus bourgeoise, remplie d’humanité, qui élèvera le bébé, avec tout l’amour possible. C’est pour tout cela, qu’on se sent attirer par Léon, qu’on se sent proche de lui, qu’on souhaiterait que tout s’arrange pour lui, que pour une seule fois l’amour vrai qu’il éprouve puisse lui amener la rédemption, le sauver de cette horrible malédiction qui pèse sur ses épaules, mais que l’on sait inéluctable.
OLIVER REED donne une grande puissance à son personnage déchirant, on le sent totalement investit par son rôle. Chaque jour il doit subir plusieurs heures de maquillage et de pose de prothèses, pour se transformer en un des plus beaux loup-garou de l’histoire du Cinéma.
Un maquillage qui rend hommage à celui que portait Jean Marais dans « La Belle Et La Bête ». Le maquilleur anglais ROY ASHTON, fait un travail exceptionnel, aux détails saisissants, il a d’ailleurs dit vouloir faire un petit hommage à Arakian, le maquilleur de « La Belle Et La Bête ».
ASHTON a succédé à Phil Leakey, le maître pinceau des premiers Dracula et Frankenstein, il débute avec « Les Maîtresses de Dracula » « Le Chien Des Baskervilles », et « Les Deux Visages du Dr Jekyll », sans compter de plus petites productions, le loup-garou du film est certainement sa plus belle réussite, et c’est sa huitième participation à la HAMMER.
FISHER a su créer une oeuvre poétique, flamboyante et Gothique, chaque image à la force d’un tableau enchanté de divines couleurs, de lumière et d’ombre. Il donne à ce drame toute la puissance d’une tragédie Grecque, où la bête est plus humaine que de nombreux humains.
« THE CURSE OF THE WEREWOLF » marque vraiment l’Âge d’Or de la HAMMER, qui se situe entre la fin des années 50 et le début des années 70. Une bonne décennie de merveilles sur pellicule parmi lesquelles « La Gorgonne »
« She »,
quelques Frankenstein et Dracula. A la sortie du film le magazine Horror Watch Magazine écrivit « …Un film très impressionnant, qui repousse de sérieuses limites… » D’ailleurs une fois de plus, la HAMMER FILMS connut les foudres de la BBFC pour un contenu offrant trop de parties contenant de l’horreur et du sexe, le film fut coupé et censuré de cinq minutes, ce fut pour ce film que la HAMMER connue le plus de problèmes avec la censure.
Curieusement, à sa sortie le film présenté en Angleterre dans une copie écourtée par les nombreuses coupures ne connut pas un succès immense,
et les recettes s’en ressentirent tout naturellement, la version légèrement plus longue projetée aux Etats-Unis, ni connut pas non plus le succès escompté.
Ce n’est qu’avec le temps, que « THE CURSE OF THE WEREWOLF » grimpa dans l’estime et l’amour du public, pour devenir un mythe emblématique et soit enfin reconnu comme un des grands Chefs d’Œuvres de la HAMMER FILMS.
Pour tout ceux qui ne le connaissent pas, il existe dans la série « Les Grands Classiques De La Hammer » une version entièrement restaurée
en VO/StF et en VF avec en bonus, un documentaire sur l’Histoire Des Films d’Horreur.