JOE COCKER : « LIVE ». 1990

C’est à l’âge de quatorze ans que le petit JOE COCKER découvre Ray Charles. Il ne s’en remettra jamais plus. Il devient chanteur pour faire comme son idole.

JOE COCKER est né à Sheffield en Angleterre le 20 mai 1944. Il signe son premier contrat chez Decca à vingt ans, et sort son premier disque « I’ll Cry Instead » , une composition de John Lennon et Paul McCartney. L’échec est retentissant, et au retour d’une tournée en première partie de Manfred Mann, JOE retourne travailler à la compagnie du gaz. De retour dans sa ville natale, il fonde le Grease Band, avec entre autre Chris Stainton au piano, fidèle parmi les fidèles. Sitôt formé le groupe joue dans des clubs du Nord de l’Angleterre avec un répertoire de musique Soul. Dans la lancée, il enregistre  un 45 tours « Marjoline » composé par Stainton.

C’est avec un second titre, sorti quelques temps après, que la reconnaissance arrive. « With A Little Help From My Friends » rentre directement à la première place des hits en Angleterre, ainsi que dans le Top US. Début 1969, JOE COCKER enregistre l’album portant le même nom, avec des invités de marque,

Jimmy Page, Stevie Winwood et Albert Lee, preuve de son adoubement par le monde musical. La réputation de chanteur de COCKER ne fait que grandir

.

Et son jeu de scène si particulier, des mouvements épileptiques, le corps traversé par des décharges électriques, envoyées par d’invisibles coups de fouet, entre dans l’histoire grâce en grande partie à son passage avec le Grease Band au festival de Woodstock.

La tournée US du Grease Band en 1969 le fera connaître du public américain, il y rencontre Leon Russel qui composera pour lui « Delta Lady » et produira l’album « Joe Cocker ».  Il retourne l’année suivante au États Unis, pour des concerts, mais sans le Grease Band. Pour l’occasion Leon Russel

lui procure une troupe de quarante musiciens. Cette tournée deviendra historique sous le nom de « Mad Dogs And Englishmen ».

Un double album immortalisera cette folle tournée, dont COCKER revient à bout de souffle, tant physiquement que mentalement, avec en plus de gros problèmes de drogues et d’ alcool. Il retourne chez ses parents à Sheffield. JOE COCKER ne réapparait  qu’en 1972, pour repartir en tournée avec un groupe de douze musiciens réunis pour l’occasion par Chris Stainton.

Le groupe entame son Tour par les USA, puis s’envole pour l’Europe. Dès son retour le groupe split, seul Stainton reste aux côtés du chanteur. Les problèmes de drogues sont toujours présents, et JOE est arrêté en Australie, pour possession de produits illicites.

COCKER et Stainton enregistrent avec grande difficulté un nouvel album, « Something To Say », beau disque, mélange de concerts et de bandes de studio. Mais JOE n’est encore pas au mieux de sa forme, s’il continue d’enregistrer des albums, il est incapable de donner des concerts, il n’en a plus la force. Sa carrière à ce moment semble compromise.

Il faut attendre 1977,  pour assister de nouveau à un concert de JOE COCKER en Angleterre avec le groupe Kokomo et espérer que cette fois ci, la collaboration dure un peu plus longtemps. Sur scène il fait peine à voir, offrant une vision pitoyable de lui même, il tient à peine debout, sa diction est pâteuse.

Et tout recommence, JOE s’envole se cacher aux USA. 1977 voit également la sortie d’un nouveau disque, avec la présence de Steve Gadd, Chuck Rainey, et Rob Harley.  « Luxury You Can Afford » .

COCKER participe à la tournée Woodstock en Europe en 1979, puis joue à Central Park à New York devant 20,000 spectateurs. JOE décide de faire un album à tendance reggae et en 1982 « Sheffield Steel »

obtient un vrai succès et devient l’album de la renaissance, de la rédemption. En 1982, à la demande de son producteur, JOE COCKER enregistre avec Jennifer Warnes le duo  « Up Where You Belong » pour la BO d’ Officier et Gentleman. Le succès est international, il atteint la première place au Billboard, et remporte un Grammy Award. La malédiction qui  lui collait à la peau semble très loin. JOE COCKER à enfin quitter ses chaussures de plomb, il s’envole vers son destin, vers des sommets qu’il n’imaginait pas,

même dans ses rêves les plus fous. Il devient un Star mondiale, aimée et reconnue par ses pairs et par le public, jusqu’à ce triste jour du 22 décembre 2014, où il s’envole pour son ultime voyage, rejoindre d’autres immortels, qui n’attendaient que lui… Après ce préambule, il est vrai un peu long, je vais donc vous parler de l’album live de JOE COOPER qui à pour titre, « JOE COCKER LIVE », enregistré le 5 octobre 1989, au Memorial Auditorium de Lowell, Massachusetts.

Concert classique pour JOE COCKER dont la « Set list » est des plus traditionnelles. À savoir un parfait mélange de grands classiques et de quelques nouveaux morceaux, quand le Tour est pour promouvoir la sortie d’un album. J’ai eu la chance de le voir en concert pour cette même tournée à Paris, au Zenith, le 16 juin 1989, et ce fut un merveilleux moment de bonheur.

Accompagné par une bande de requins, on le sentait heureux d’être là, de chanter et de faire danser le public. Avec lui sur scène, Deric DYER aux saxs, Phil GRANDE lead guitare, Steve HOLLEY batterie, Jeff LEVINE keyboards, Keith MACK, guitare rythmique, Chris STAINTON, l’excellent  T.M. STEVENS basse,

Doreen CHANTER, Maxine GREENCrystal TALIEFERO aux vocaux, Wayne JACKSON et Andrew LOVE des Memphis Horns aux cuivres. On sent le groupe très à l’aise, les musicos connaissent bien les morceaux, ils faisaient déjà partie de la tournée précédente, le « Unchain My Heart Tour » et cela s’entend. Le seul reproche que l’on puisse faire à ce disque est de sonner un peu trop rock FM, mais c’est la tendance en cette époque. Cet album live est un véritable best of de JOE COCKER, aucun succès n’est oublié, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Le concert débute avec le classique « FEELIN’ ALRIGHT » de Traffic, la machine tourne au quart de tour, belle mise en place, ça swingue sur scène et ça danse dans le public,

piano bastringue pour STAINTON, on est tout de suite dans l’ambiance, dans le « mood », le public est aux anges et cela s’entend.

« SHELTER ME » ne fait pas redescendre l’ambiance. C’est propre, léché, pas de place pour de la folie.

Tout est réglé au millimètre, mais c’est aussi un peu ce qu’on aime, et ce que l’on attend, ce n’est pas un concert de hard rock. « HITCHCOCK RAILWAY » continue suivant la même formule. Le groupe n’est là que pour mettre en valeur le chanteur, en jouant le mieux possible.

Et c’est exactement ce qui se passe. Le travail de Chris STAINTON au piano est impressionnant. « UP WHERE WE BELONG » le tube incontournable du film « Officier et Gentlemen »

qui a mis COCKER sur orbite, est chanté avec une des choristes, aussi parfaitement que sur la version originale.

« GUILTY » de Randy Newman, est un duo piano voix doux,

ce qui permet au public de se calmer avant d’autres feux d’artifices. « YOU CAN LEAVE YOUR HAT ON » tube extrait de la BO de « 9 Semaines et Demi »

et associé au striptease de Kim Bassinger, n’apporte rien de bien neuf, mais fait certainement plaisir à une bonne partie du public. « WHEN THE NIGHT COMES » est un titre qui va très bien à JOE COCKER, très à l’aise dans ce type de mid tempo.

Pas primordial, une chanson de plus, simplement, ni très bonne, ni très mauvaise. Petit chorus de Phil GRANDE.

Avec « UNCHAIN MY HEART » on passe une vitesse supérieure, après les slaps de T.M. STEVENS, le groupe déboule,

filant bien droit sur ses rails. Toujours aussi propre sur lui. Le groove du morceau fait immanquablement danser un public heureux. « WITH A LITTLE HELP FROM MY FRIENDS » pour les anciens de mon âge,

c’est Woodstock, et là, le public, une partie du moins, hurle et rentre en transe comme si c’était le premier morceau du concert. Les cuivres hurlent. La voix est au rendez-vous, on ferme les yeux, on se retrouve en 1969, et on danse comme de vieux hippies échappés d’une maison de retraite. Que c’est bon, quel putain de morceau, quelle putain de version.

L’orgasme n’est pas loin. On attend le célèbre cri, va t’il aussi bien le faire qu’à Woodstock. OUI !!! Fabuleux, la même intensité, la même force. Et là, une petite larme coule sur les joues. du coup, on oublie les petites restrictions que l’on avait émises sur les musicos, du genre, trop propres sur eux, avançant sur des rails préfabriquées, peu ou pas assez de prises de risques. Pendant six minutes, on a retrouvé nos quinze ans, et c’est merveilleux. À Paris le morceau a été joué en rappel. Et le show continue. « YOU ARE SO BEAUTIFUL » belle chanson,

un slow pour se remettre de ses émotions avec cette voix qui fait vibrer nos cordes sensibles. Joli moment de douceur et d’amour.

Retour vers les temps éloignés de « Mad Dogs And Englishmen » avec « THE LETTER », et ça tourne bien, les cuivres donnent de la voix

et chacun y va de son petit chorus, la machine est très bien huilée. Même époque pour la reprise des Beatles « SHE CAME IN THROUGH THE BATHROOM WINDOW » un bon morceau ne vieillit pas,

et c’est le cas pour celui ci. Autre énorme succès de JOE COCKER le très rock « HIGH TIME WE WENT » superbe titre très rock, locomotive lancée à toute vitesse, avec son petit pont au piano.

Un morceau qui fait toujours son effet sur le public le plus ancien, petit pont du saxo, avant de prendre un petit solo.

Ce sera pareil avec tous les instruments majeurs du groupe, ce qui fait du morceau le plus long du concert, huit minutes. Fausse fin, reprise de batterie, petit chorus et tout les musiciens repartent pour amener le titre à sa fin. Présentation très rapide de l’orchestre. Rappel « WHAT ARE YOU DOING WITH A FOOL LIKE ME » Gros succès de COCKER

calibré rock FM, comme d’ailleurs la plus part des titres du concert.

Le groupe joue comme un seul homme, la mise en place est parfaite, un peu trop, peut être, trop aseptisé. Pour du rock c’est trop clean. J’aurais aimé un petit brin de folie supplémentaire. Tout est tellement parfait, et d’un autre côté attend-on autre chose de JOE COCKER, il pourrait chanter avec un piano uniquement, et on trouverait ça formidable. Pour résumer, « JOE COCKER LIVE » est un bel album, rock- FM, une compilation de grands titres qui nous emmènent et nous font voyager vers des époques révolues si chères à nos coeurs. Rien que pour cela, un grand merci à JOE COCKER.

Nous avons droit à un petit titre bonus, un morceau de David Lynn Jones, enregistré en studio « LIVING IN THE PROMISED LAND ». Mais ça, c’est déjà une autre histoire…

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