En 1996, BRUCE SPRINGSTEEN et son épouse PATTI SCIALFA reviennent vivre dans le New Jersey, avec leurs enfants, pour le plus grand bonheur de leurs fans, qui leurs avaient reproché de partir telle une star intouchable à Los Angeles, dans les paillettes inutiles et fausses, bien trop loin de ses racines, de son enfance, de son adolescence, de sa vraie vie! Et de retour, il se mêle à la vie de son quartier, de sa ville, il redevient un « homme simple », on le voit regardant des parades, à Freehold, son fils perché sur ses épaules.
A partir du milieu des années 1980, Toby Scott l’ingénieur du son de BRUCE, écoute tous les morceaux du groupe afin de les numériser et ainsi de pouvoir les sauvegarder. Morceaux, concerts, inédits, chute de studio, ébauche de titres qui ensuite furent enregistrés d’une façon différente, tout y passe, et dieu sait si BRUCE a écrit des centaines de chansons qui sont restées pour x raisons dans ses tiroirs. Jusqu’en 1997, Toby Scott en comptabilise trois cent cinquante, dont la plus part sont excellentes, et auraient bien mérité leur place dans un disque…
L’idée germe d’un album regroupant des morceaux inédits sur différentes périodes. Mais certaines petites choses qu’il entend ne plaise pas au BOSS qui décide de réunir tous ses musiciens pour rejouer quelques titres. Ça y est, BRUCE donne son accord, et c’est un coffret qui sort en 1998, intitulé « Tracks » , contenant soixante six morceaux, répartis sur quatre CD, le tout accompagné d’un livret, où figurent les paroles des chansons et des notes explicatives. Il y a même un titre composé pour ses potes du « E STREET BAND », « Blood Brothers », « Frères de Sang »…
Quelques semaines plus tard, c’est BRUCE lui même qui téléphone à ses anciens complices, pour leur proposer des retrouvailles musicales, mais doit-il également appeler STEVE VAN ZANDT qui était parti de lui-même avant la tournée « Born In The USA » … STEVE son vieil ami au même titre que CLARENCE. Miracle le « E STREET BAND » se retrouve au grand complet et les répétitions peuvent commencer. Mais curieusement, BRUCE n’est pas entièrement satisfait, il ne retrouve pas la magie d’antan. Jusqu’au jour où pour les répétitions, il décide de faire entrer des fans, qui n’en demandaient pas tant. Et là, comme par miracle devant son public, même peu nombreux pour l’occasion, l’osmose, la complicité, la magie revient tout naturellement !!!
Le « Reunion Tour » aura bien lieu. Les répétitions continuent de plus belles, lorsque la nomination de BRUCE au « Panthéon du « Rock and Roll Hall Of Fame » est annoncée pour mars 1999. La cérémonie est superbe, l’intronisation faite par le chanteur Bono, BRUCE prend la parole et remercie toutes les personnes grâce à qui il se trouvait là aujourd’hui, ses parents bien sur, Mike Appel, Martin Landau et tout naturellement chaque membre du E STREET BAND y compris les musiciens du tout début tels David Sancious, Vini Lopez, Ernest « Boom » Carter. Comme de coutume, à la fin de son petit speech, BRUCE prend sa guitare accompagné par un E STREET BAND fraichement réuni depuis seulement deux semaines, et bien entendu c’est un moment magique et inoubliable !!!
BRUCE commence sa tournée en Europe, plus exactement à Barcelone pour deux concerts, les 9 et 10 avril 1999, puis Munich, et toutes les grandes villes du vieux continent, avant la Grande Bretagne. Cette réunion était attendu depuis plus de dix ans par les fans, et l’ambiance durant les concerts est monstrueuse. A la mi-juillet, le groupe entame la tournée américaine, avec quinze concerts au Meadowlands Arena, dans son fief du New Jersey. Il ne fallut pas plus de vingt quatre heures pour vendre la totalité des places pour tous les concerts… L’émotion était palpable au Meadowlands, et ce chacun des soirs, les BRUUUUUUCE n’en finissaient pas, le tonnerre grondait dans l’Arena.
BRUCE SPRINGSTEEN & THE E STREET BAND sont de retour, au meilleur de leur forme, unis comme jamais, jouant mieux qu’avant, un véritable feu d’artifices de joie, de surprises et d’émotions chaque soir. Puis ce furent d’autres grandes villes avec plusieurs dates à chaque fois, Philadelphie, Boston, Los Angeles. En tout, le groupe donne cent trente trois concerts, dans soixante deux villes, sur une durée de quinze mois. Le groupe s’octroie un petit break pour se reposer, afin de repartir de plus belle, avec en apogée, en apothéose les dernières dates du Tour, dix concerts au Madison Square Garden de New York.
Un morceau y fera polémique, « American Skin.Fourty One Shots » qui traite du racisme au Etats-Unis et plus particulièrement celui des Policiers New Yorkais qui quelques mois plus tôt avaient abattu de quarante et une balles un jeune garçon de vingt trois ans, Abadou Dialo, même pas armé, durant un simple contrôle d’identité… BRUCE invitera d’ailleurs la famille du défunt à l’un des concerts. Un DVD et un CD enregistrés durant les deux derniers concerts immortaliseront ces gigantesques et très émotionnels concerts. Le premier DVD live du BOSS !
A plus de cinquante ans, BRUCE SPRINGSTEEN n’a strictement plus rien à prouver à personne, mais la folie du « Reunion Tour » lui donne de nouvelles envies, et il annonce ainsi que le groupe a encore un futur, rien n’est terminé! BRUCE a quelques nouvelles chansons qu’il enregistre avec son E STREET BAND, sans vraiment de direction particulière. Mais hélas, une tragédie va donner à son prochain album une seule et même direction… Le 11 septembre 2001, deux avions pilotés par des terroristes heurtent les tours jumelles du World Trade Center de New York, faisant plus de trois mille morts, un troisième avion est jeté par ses pilotes sur le Pentagone, alors qu’un quatrième grâce à l’héroïsme de ses passagers s’écrase dans un champ.
Le terrorisme touche l’Amérique en plein coeur. BRUCE est l’un des premiers à réagir, le 21 septembre un programme spécial est diffusé à la télévision au profit des victimes, c’est un appel aux dons. BRUCE pour l’occasion avait commencé l’écriture d’une chanson « Into The Fire », mais n’étant pas terminée pour l’occasion, il interprète « My City In Ruins » qu’il avait composé pour illustrer la détérioration de la ville où tout avait commencé pour lui, artistiquement Asbury Park, et qui du coup prend une coloration toute particulière. Et c’est grâce à une anecdote qui semble tout droit sortie d’un film, que le déclic se fait pour le BOSS. Alors qu’il est arrêté avec sa voiture à on feu rouge, un fan s’approche et lui dit « …Hey BRUCE on a besoin de toi… »
Aussitôt il se met à l’écriture de ce nouvel album qui reflètera les coeurs déchirés et accablés du peuple américain, et des New Yorkais en particulier, touchés dans leur chair, leur âme et au plus profond de leur être. Très rapidement, les chansons voient le jour. Pour les textes, BRUCE rencontre des rescapés, des veuves de victimes, des femmes de pompiers, il écoute leur détresse. Pour ce nouvel et particulier album, BRUCE se tourne vers un nouveau producteur, celui de Pearl Jam, des Stone Temple Pilots et d’autres encore, BRENDAN O’BRIEN. C’est d’ailleurs dans son propre studio que les sessions commencent.
Pas dans le style habituel, plus tôt live en studio, mais en revenant à des manières plus traditionnelles, permettant plus d’overdubs. Tout d’abord la section rythmique avec MAX WEINBERG, GARRY TALLENT et ROY BITTAN. Ce que le son perdait en naturel, en excitation, il le gagnait en précision, en clarté, et en finesse. Puis vinrent NILS LOFGREN, CLARENCE CLEMONS, DANNY FEDERICI et PATTI SCIALFA. Une section de cordes augmentait l’intensité dramatique de certains morceaux. Et le résultat était parfait, allant au-delà des espérances de BRUCE. Les attaques terroristes sont très peu évoquées, seuls deux titres « INTO THE FIRE » et « THE RISING » évoquent l’effondrement des deux tours jumelles,
l’horreur de l’instant, le travail admirable des Pompiers. Les autres morceaux évoquent la perte d’un être aimé, la reconstruction d’une vie devenue solitaire, les inconnus qui sont venus aider les blessés. A la fin du mois de juillet 2002, l’album est prêt à être commercialisé. Le premier album de BRUCE SPRINGSTEEN et du E STREET BAND depuis quinze ans, un mélange de joie, de recueillement, d’allégories, de tristesse, d’espoir et de volonté… Un album très différent de ce que nous avait habitué BRUCE musicalement parlant. La campagne publicitaire précédent la sortie de « THE RISING » est sans équivalent dans la carrière du musicien.
On le voit partout sur toutes les chaînes de télévision, on l’entend sur les ondes radiophoniques, il explique son travail, son cheminement, le pourquoi des chansons. Le 30 juillet 2002, « THE RISING » sort dans le monde entier, et devient numéro 1 du Top 200 du Billboard instantanément, et ce durant trois semaines. En une semaine il se vend plus d’un demi million d’albums. Les critiques sont toutes excellentes, et le public retrouve son idole dans toute la fécondité de son art. « THE RISING » s’impose d’emblée comme une Oeuvre majeure, primordiale, un Monument. BRUCE refait la couverture du Time Magazine sous le titre « Reborn In The USA »…
Du rock puissantes, des mid tempos et des ballades empruntes de retenues et de délicatesses. BRUCE commence la tournée à domicile dans le New Jersey, le 7 août, une violoniste s’est jointe au « E STREET BAND », SOOZIE TYRELL. Chose rare chez SPRINGSTEEN, durant de nombreux soirs la set-list des concerts est la même, le temps pour le groupe de se familiariser, d’apprivoiser, de faire sien chaque nouveau morceau. Au bout de trois mois, tout change, les morceaux sont connus sur le bout des doigts, les automatismes sont là, l’interprétation des chansons est plus que parfaite, et chacune gagne en intensité.
Le groupe sonne comme jamais, et les anciens titres sont joués avec une vigueur nouvelle. La tournée qui suit la sortie de « THE RISING » engrange un bénéfice de plus de deux cent vingt et un millions de dollars pour cent vingt dates de concerts…
L’album s’ouvre sur « LONESOME DAY » un rock teinté de pure mélancolie, sur la beauté de la vie à deux, lorsque l’on se retrouve seul…
« JOUR DE SOLITUDE »
« INTO THE FIRE », le titre suivant, un des deux premiers écrit par BRUCE, plus axé sur les attentats eux mêmes, l’effondrement des tours. La musique possède un côté country, entre gospel et blues au début avant l’arrivée du groupe, où là, elle prend de l’ampleur, et une autre dimension, celle d’une magnifique chanson, dramatique où domine la couleur rouge et jaune, celle du sang et celle des flammes, et le courage des hommes du feu montant vers l’Enfer.
« NOTHING MAN » est un pur produit SPRINGSTEEN, une voix qui vous prend les tripes, une musique qui vous amène les larmes aux yeux, un tempo médium. C’est beau, magnifique, émouvant. Comment un pompier, un inconnu, un homme de rien peut devenir dans certaines circonstances un héros sans le vouloir, et redevenir ensuite un être comme les autres, un homme de rien. Cette chanson, BRUCE l’a composée après avoir discuté avec un pompier qui était sur le terrain le soir du 11 septembre.
« UN HOMME DE RIEN »
« WORLD’ S APART » raconte une histoire d’amour impossible entre deux être que tout sépare, une espèce de Roméo et Juliette moderne entre un américain et une musulmane. Hélas, l’amour ne triomphe pas toujours de tout… Agréable avec son petit côté orientalisant….
« FURTHER ON » (UP THE ROAD) comme beaucoup d’autres chansons de « THE RISING » parle une fois de plus de la difficulté de vivre sans l’être aimé, mais avec la certitude un jour de se retrouver « un peu plus loin sur la route… »
On a pu reprocher à BRUCE un côté « Christique » un peu trop prononcé sur cet album, personnellement, ce n’est pas un reproche que je lui ferais. Cet album est chargé de sentiments, remplit d’émotions à fleur de peau. Ce disque est l’album d’une double renaissance, celle de l’Amérique frappée en plein coeur, endeuillée de plusieurs milliers de morts, et celle de BRUCE qui reforme son « E STREET BAND », évènement que les fans attendaient depuis plus de dix ans. Trop religieux, je ne le trouve pas.
De plus, vers qui se tourner quand on a tout perdu, la moitié de soi même, la moitié de son coeur, la moitié de son âme. Pour beaucoup il n’y a que Dieu. Et tant mieux si ainsi certains trouvent la force de survivre au malheur, et la force de surmonter l’acharnement du destin. « THE RISING » est un splendide album, les chansons sont magnifiques, émouvantes, bouleversante, vraies, et nous touchent en ce que nous avons de plus humains, de plus fraternel en nous. Alors pourquoi se priver d’un moment pareil, Levez-vous, et criez votre espoir, surtout en ces moments de haine et de folie !!!!