CREAM : « LIVE ». 1970

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(Dernier article avant les vacances, à bientôt)

Une fois de plus, je vais vous parler de mon groupe chéri de la fin des années soixante, à savoir, les « CREAM », groupe qui a enchanté mon adolescence et qui portait vraiment bien son nom, puisqu’il était composé de la « crème » des musiciens anglais de l’époque! ERIC « GOD » CLAPTON à la guitare et aux chants, JACK BRUCE à la basse et aux chants, et GINGER BAKER à la batterie et plus rarement aux chants. Considéré comme le premier Super Groupe de l’histoire,

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CREAM un peu à la manière d’un Grateful Dead, à su briser les carcans de durée des morceaux en concerts, n’hésitant pas à faire durer trente minutes un titre durant cinq minutes sur disque, partant dans des improvisations que l’on ne connaissait alors que dans le jazz. Formé en 1966, après avoir fait leurs armes chez Graham Bond Organization, les Bluesbreakers de John Mayall, ils sortent leur premier album « Fresh Cream »,

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qui remporte un beau succès, mais la gloire et le triomphe viendront en 1967, avec leur deuxième album, leur Chef d’Oeuvre  « Disraeli Gears » savant mélange de blues et de rock psychédélique, où l’on trouve des morceaux tels que « Sunshine Of Your Love »  « Tales Of Brave Ulysses ».

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La guitare de CLAPTON y fait merveille, sans parler des lignes de basse de BRUCE et du splendide jeu de batterie de BAKER. L’osmose est parfaite. Mais chaque membre est une individualité complexe, et les heurts sont fréquents entre les trois musiciens. De 1967 à 1969 date de leur séparation, chaque album du groupe est Disque d’Or. En 1968 parait le double « Wheels Of Fire » comprenant un disque studio et un disque live.

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Une pure merveille, qui confirme que CREAM fait partie des plus grands groupe du monde. De concerts en concerts leur renommée explose, et les met en concurrence directe avec le « Jimi Hendrix Experience », seul groupe capable de rivaliser avec CREAM, et à donner des cauchemars à CLAPTON. D’ailleurs il est arrivé une fois que CLAPTON apparaisse sur scène aux côtés du groupe d’Hendrix, et qu’ « Hendrix » joue un titre avec les CREAM

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Bienheureux, ceux qui furent dans les salles ces deux soirs là … Le disque studio propose des titres de cinq minutes à peu près, alors que sur le live, les titres dépassent allègrement les quinze minutes, comme cette fabuleuse version de « Spoonfull », et une version courte, mais Ô combien fabuleuse, du classique de Robert Johnson « Crossroads ». 1968 marque un tournant chez le groupe, les trois musiciens pensent tourner en rond, et ne plus rien apporter de frais, ils se sentent arrivés au bout de leur chemin commun.

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Le 26 novembre 1968, CREAM donne son ultime concert d’adieu au Royal Albert Hall de Londres, devant un public ébahi par tant de virtuosités. Les trois musiciens s’en donnent à coeur joie, multipliant les prouesses, les chorus, dans la salle c’est de la folie. On assiste à la mort d’un des plus grands groupes de rock blues, la fin de la réunion de trois géants, qui d’une certaine manière ont ouvert la porte à ce que l’on va appeler le hard rock.

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L’année suivante, 1969 voit la sortie d’un dernier album « Goodbye », moins fort que les précédents, mélangeant live et studio. On y trouve un classique malgré tout « Badge » avec la présence à la guitare de George Harrison, sous le pseudonyme de « l’ Angelo Misterioso »,  et une très belle version live de « I’m So Glad ».

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Mais cette sortie est posthume, puisque le groupe n’existe plus. Heureusement pour nous, leur maison de disque possédait dans ses tiroirs de nombreux enregistrements en concerts, qu’elle sort au fils des ans. 1970, l’album qui nous intéresse aujourd’hui « LIVE CREAM », en 1972, « Live Cream Volume II ». Et je pense sincèrement que bien d’autres bandes dorment encore dans la pénombre d’un tiroir de bureau…

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Jamais durant des concerts, des musiciens n’avaient joués aussi librement, se laissant aller à de folles échappées en solo, où chacun se concentre sur son instrument, en chorus quasiment permanent, mais sans jamais perdre le fil conducteur du morceau. Il est évident que Hendrix a permis à CLAPTON de gagner en liberté d’exécution, il l’a aidé à couper les fils qui le maintenaient dans des barrières traditionalistes, Hendrix lui a montré la voie de la liberté totale dans les chorus de guitare,

Jimi Hendrix performing at the Royal Albert Hall in London. Monday, February 24, 1969. ** USA ONLY ** © David Redfern / Redferns / Retna Ltd.

© David Redfern / Redferns / Retna Ltd.

et dès lors, CLAPTON ne s’est plus jamais privé de cette liberté nouvelle de jouer, bien au contraire… « LIVE CREAM » est composé d’extraits de concerts enregistrés principalement au Winterland de San Francisco les 9 et 10 mars 1968, et seul « ROLLIN’ AND TUMBLIN » a été capté le 7 mars au Fillmore. De plus il contient un morceau studio « LAWDY MAMA » qui provient des sessions de  « Disraeli Gears » et qui est le même morceau que « Strange Brew », mais avec d’autres paroles, et un chorus de CLAPTON différent.

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L’album s’ouvre sur « N.S.U. », sous les coups de baguettes de BAKER, un rock bluesy, chanté par JACK BRUCE et ERIC CLAPTON. Après l’énoncé du thème d’introduction, CLAPTON part en chorus, accompagné des deux autres, dans une espèce de liberté de jouer qui donne à entendre que chacun part un peu en solo de son côté, tout en surveillant l’autre, pour ne pas louper la reprise du thème. CLAPTON est impérial, sa guitare chante de fabuleuse manière, et il n’a vraiment pas à rougir de la comparaison avec Hendrix.

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Les coups de boutoirs de la basse et de la batterie se joignent à la guitare pour tisser un réseau de notes en toute liberté, ponctué par le chant des cymbales. Cela pourrait durer des heures, tant l’improvisation est extraordinaire, c’est vraiment du grand art. Le rock poussé à son extrême à son paroxysme, sans barrières aucunes. Puis CLAPTON calme le jeu, les deux autres suivent, et le thème revient, comme dans le jazz. Le public hurle sa joie.

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« SLEEPY TIME TIME » est un blues, scandée par la batterie et les cymbales, chanté par BRUCE et CLAPTON,  en calme et retenue, c’est CLAPTON qui le premier part en solo, suivit par ses compagnons. Un blues dans toute sa splendeur, CLAPTON fait parler sa guitare, qui semble nous raconter une histoire, son jeu est magnifique, c’est du pur bonheur. BRUCE n’est pas en reste, ses notes cognent et rebondissent, comme en solo, seul la batterie est plus calme. Et d’un coup le chant repart comme par magie, et le morceau s’achève après plus de six minutes.

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« SWEET WINE » est un blues rock, de tempo médium, BAKER cogne sur ses toms et annonce les chorus par une descente sur ces toms médiums. C’est parti, guitare, basse et batterie, chacun de leur côté, bien qu’ensemble prennent leurs soli. La majeur partie de la carrière des CREAM s’est faite en concerts et cela s’entend. On dit aussi que leur séparation viendrait de là, de la trop grande disparité musicale de chacun d’eux, et du temps beaucoup trop long passé en tournée.

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En tout cas, ça joue, et ça joue bien, les quinze minutes du titre, nous permettent de comprendre leur complicité, leur façon de jouer et de fonctionner. A la manière de musiciens de jazz, ils improvisent après le thème, partant très loin de leur point de départ, se perdant parfois dans des méandres à la lisière d’autres mondes. Et d’un autre côté, c’est ce qui a fait la légende du groupe, car seuls des musiciens hors pairs peuvent se permettre de telle choses, de telles incursions vers l’inconnu,

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et le blues change de colonne vertébrale et devient rock, mouvant, fluide, hypnotique, psychédélique, avant de reprendre sa forme première pour arriver à son terme. Très impressionnant… « ROLLIN’ AND TUMBLIN » est un morceau de Muddy Waters chanté par BRUCE, tel un train lancé sur des voies. BRUCE prend l’harmonica et attaque le premier chorus avec son petit instrument, accompagné par CLAPTON qui assure la rythmique et les envolées et BAKER qui pousse la locomotive à la force de ses bras et ses jambes.

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L’harmonica est omniprésente tout au long du morceau, où la basse par contre est absente, remplacé par le jeu de CLAPTON. Génial interprétation du morceau de Muddy Waters, on ne peut que taper du pied. Super. Puis dernier morceau du disque ce « LAWDY MAMA »,

très bien chanté par CLAPTON, enregistré en studio, et qui clôture ce live de fort belle manière, et qui nous semble connu, puisque quasiment semblable au « Strange Brew » de « Disraeli Gears ».

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Voilà donc encore un LIVE indispensable, mais que vouliez-vous que je vous dise, CLAPTON, BRUCE, BAKER, la Saine Trinité, cela ne peut qu’être extraordinaire,

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et en plus ça vous fait voyager dans le temps, un temps, bien sur, que les moins de cinquante ans ont beaucoup de difficultés à connaitre !!!!

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