BRYAN SINGER: « UN ÉLEVE DOUÉ ». 1999

 Stephen King est un écrivain qui n’a pas toujours été gâté par les adaptations cinématographiques de ses romans. Son univers pour le moins fantastique a pourtant de quoi donner de la matière aux réalisateurs,

(Photo by Jim Spellman/WireImage)

et malgré tout, de nombreux films sont ratés, même si la liste des bonnes adaptations est tout de même conséquente, au vu du nombre des ratages, on fait assez rapidement le tour de ses adaptations, quelles soient pour le cinéma ou pour la télévision :

« Shining » (même si S.King n’aime pas le film) « Stand By Me » ,« Dead Zône », « Carrie », « Salem Lot » , « Cujo »« Christine », « Peur Bleue », « Simetierre »,   

« Les Evadés » ( The Shawshank Redemption), « The Night Flier », « Misery », « Dolores Clairbonne », « La Ligne Verte », « The Mist », « Ça ». 

N’allez pas m’engueuler si j’en oublie un… Certaines adaptations, s’en être mauvaises ou ratées, passent à côté du sujet, et manquent de poids, de piments, de goût, et sont en quelque sorte fadasses.

Je peux vous citer, « Les Tommyknockers« , « Les Démons Du Maïs« , « Charlie », « Running Man« , « La Part des Ténèbres« , « Les Langeoliers », « Fenêtre Secrète« ,

« Le Bazaar de l’Épouvante« , « Dreamcatcher« , « Cœurs Perdus en Atlantide« ,  » Le Fléau ».

Aussi quand j’appris que Bryan Singer, réalisateur du grand « Usual Suspects », se tournait vers l’univers de King en adaptant une nouvelle assez longue, extraite du livre « Différentes Saisons », au sujet bouleversant et difficile, j’en fus ravi.

J’ai lu « Un Elève Doué » , il y a quelques années, et je l’avais trouvé remarquable, mais je ne pensais pas que l’on puisse en faire un film. Je me trompais. J’ai vu le film plusieurs fois, et à chaque fois je prends une claque, c’est superbe et très bien fait. D’ailleurs j’ai lu que Bryan Singer rêvait d’en faire un film, du jour où il a lu le récit, quand il avait dix-neuf ans.

Quelques années plus tard, il nous présente déjà une forme de Mal absolu en la personne de Kaïzer Sôzé, disciple du Diable, et intelligence supérieure.

De nouveau le Mal revient, sous une autre forme toute aussi vicieuse. « Un lycéen américain étudie en cours d’histoire la seconde guerre mondiale, et l’holocauste, dont il ne soupçonnait pas l’envergure et la brutalité. Fasciné et horrifié par le sujet, il fait des recherches dans des livres d’Histoire, des revues, et des documents photographiques. Un jour en prenant le bus, il est sur de reconnaître en la personne d’un vieil homme fatigué, un ancien haut gradé nazi… »

Le sujet est  difficile à traiter, sans tomber dans la facilité des flash-back, et de scènes pénibles. L’holocauste réveille pour beaucoup des pertes de parents proches, et demeure un sujet tabou ou à prendre avec des « pincettes ». Mais fort heureusement, Singer arrive à rendre son film impressionnant sans faire dans le morbide.

Il se souvient d’avoir envoyé une copie d’« Usual Suspect » à Stephen King, qui a adoré et du coup lui a cédé les droits d’ « Un Elève Doué » pour un dollar… Par contre pour le financement, ce ne fut pas aussi facile. Pas un studio ne voulait faire le film. En fin de compte, c’est Spelling Entertainment, qui avait déja co-financé « Usual Suspect » qui accepte, et la Paramount s’occupe de la distribution.

Mais au cours de l’année, suite à des dissensions durant la pré-production, Spelling abandonne. Il est rapidement remplacé par Phoenix Pictures, qui met quatorze millions de dollars sur la table … Singer doit s’occuper du choix des deux principaux comédiens, Ian McKellen, lui avait été présenté par des amis communs, et il était parfait pour le rôle du vieil homme,

caché dans sa tanière californienne, pour le jeune garçon, c’est sur casting qu’il se décida sur Brad Renfro. Dès le générique, le spectateur est plongé dans le thème conducteur du récit, puisque l’on voit le lycéen consulter des livres, des photos sur la période de l’Allemagne nazie, on voit des visages défiler, Rudolf Hess, Himmler, le Dr Mengele, et des photos de Kurt Dussander ( Ian McKellen).

La musique de John Ottman, se révèle très belle, et crée une réelle émotion, et mettant en valeur les différentes ambiances du film. Car une fois que Bowden, le lycéen et Dussander se sont rencontrés, que le vieil homme est démasqué, un jeu étrange va se faire entre eux. Pour le prix de son silence, Bowden veut tout savoir sur l’holocauste, et ses atrocités.

Mais le récit du vieil homme amènent des images, et des cauchemars, dont une scène de douche très impressionnante, quoique toute en retenue.

Et plus le récit avance, plus les relations entre Bowden et Dussander changent, une espèce d’amitié mêlée de crainte s’installe, et le caractère du jeune lycéen se modifie. Et l’on se demande alors, qui est le monstre? A écouter des histoires atroces, on finit par banaliser l’horreur, l’innommable, l’indicible, et on finit par se dire que sois même on est peut être capable de tant de cruauté…

Et l’on devient Un Élève Doué, capable peut être même de surpasser le Maître… La fameuse scène où Bowden offre un uniforme nazi à Dussander et l’oblige a marcher au pas de l’oie, est très forte, et la réplique du vieux nazi pleine de sous-entendus trouble « …Fais attention gamin, tu joues avec le feu… » . On sent que Bowden va franchir un pas,

et qu’à la fin du film, le mal sera transmis à un élève peut ètre plus doué que son « vieux professeur ». La scène qui suit avec le chat est à ce titre effrayante, et marque un revival amené par l’uniforme nazi. Chasser le naturel, il revient au galop. A la vision du film, Stephen King approuva les changements opérés par rapport au livre, affirmant qu’ainsi le « film était le bon film ».

Ce n’est certainement pas moi qui oserait dire le contraire. La vision de Singer est parfaite, et permet à l’histoire de progresser, d’aller crescendo vers un final que l’on savait inévitable.

« UN ÉLEVE DOUÉ » fait parti de ces films qui restent imprimés sur votre rétine, longtemps après les avoir vus, et qui vous laissent un goût bizarre et chargé d’amertume dans la bouche…

 

 

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