BLACKFOOT : « SIOGO ». 1983

BLACKFOOT c’est JACKSON SPIRES batterie, GREGG T.WALKER basse, CHARLIE HARGRETT guitare, et bien sur RICK MEDLOCKE. Je vous en ai déjà parler il y a quelques années, en vous présentant « Marauder » et « Highway Song Live », deux excellents album du groupe. Il faut bien avouer que dans les années 80, BLACKFOOT connait un énorme succès sur toutes les scènes mondiales, et leur trilogie animale « Strikes » en 1979, « Tomcattin » en 1980 et « Marauder » en 1981,

les propulse sur le chemin de la gloire. Il faut dire que le groupe allie le meilleur du Southern Rock, au meilleur du Hard, dans une union plus que parfaite. Il déchaîne les passions partout où il passe, et ne laisse personne indifférent. Chaque album ajoutant une pierre à l’édifice. « Highway Song Live » a prouvé en plus qu’ils sont de formidables musiciens, et qu’ils se donnent à deux cent pour cent sur scène.

Mais en cette période du début des années quatre vingt, d’autres style musicaux font leur apparition, remportant tous les suffrages. Le Glam Rock, le Rock FM plus mélodique. On n’entend que çà sur toutes les ondes radio, et de nombreux groupes déjà bien installés, se posent beaucoup de questions sur leur possibilités d’avenir en continuant toujours dans le même style, sans tenir compte des nouvelles tendances. Ils sont quelques uns à franchir le pas, et à inclure des synthés dans leur musique.

Molly Hatchet s’y est essayé, sans vraiment de succès. Le seul qui est réussi son coup sans trop dénaturer sa musique est ZZ Top. De nombreux autres s’y sont cassés les dents. Sur les conseils de leur producteur, qui sent le vent tourner, ainsi que de leur maison de disque, BLACKFOOT contacte KEN HENSLEY, en rupture de bancs d’Uriah Heep depuis deux ans, et après essais l’engage au sein du groupe. Il y jouera des claviers, de la guitare slide, et fera les backing vocals. La nouvelle de l’arrivée du transfuge d’Uriah Heep dans le groupe,

se répand comme une trainée de poudre, et affole tous les fans totalement sidérés par cette annonce. Les fans de Rock détestent l’apparition de claviers dans un groupe qui n’en possédait pas. Donc avant la sortie d’un nouvel album, les fans le détestaient déjà, une condamnation sans appel.  Après leur trilogie animale, tout le monde attendait une suite différente, d’accord, mais dans un style à peu prêt similaire.

Avec la venue de HENSLEY, tout est remis en question, il vient tout de même d’un groupe de rock à tendance progressive, ce n’est pas du tout pareil, que va donner le prochain album. On s’interroge, inquiet par la tournure que peuvent prendre les évènements. L’attente est de courte durée, en 1983 apparaît chez tous les disquaires le nouvel album de BLACKFOOT, « SIOGO », qui en langue indienne signifie « unité », mais pas seulement. Le groupe a caché à sa maison de disque la réelle signification, pour ne pas la troubler. « S.I.O.G.O » veut dire, « Suck It Or Get Out », « suce le ou casse toi ».

Fin de la parenthèse poétique. La photo de la pochette est très sérieuse,. on ne rigole pas, on va vous rentrer dans le lard, ça va cogner. Après tout pourquoi pas. Et si on s’était monté le bourrichon, et qu’en fin de compte tout se passait bien. On va vite le savoir. Après avoir sorti le disque de sa pochette, et de sa protection, on le pose délicatement sur sa platine vinyle, on allume son ampli, on positionne le potard pour que le son soit suffisamment fort, et on fait descendre le bras de la platine sur le bord extérieur du disque, un léger crac se fait entendre quand le diamant touche et attrape le sillon, et soudain, la musique sort des enceintes acoustiques. « SEND ME AN ANGEL » un morceau composé par HENSLEY. Damned, il commence par des claviers,

du synthé, avant que le groupe ne déboule comme un beau diable. Mais l’intro n’est pas importante, le titre est vraiment super, un Hard Rock pur et dur, qui résonne joliment à nos oreilles. Au refrain d’une évidence diabolique. Bien sur il s’éloigne du style

Southern Rock, habituel du groupe, mais ce que le morceau propose est vraiment fort, Une  horde de mustangs fonçant au grand galop, au son d’une batterie énergique, d’une cavalcade de guitares affutées, et d’une mélodie vraiment imparable. En plus, il continue de tourner dans la tête, longtemps après son écoute. Pour un début, même s’il surprend, c’est très prometteur.

« CROSSFIRE » rappelle le BLACKFOOT que l’on aime, le morceau est très mélodique, et les riffs de guitare fonctionnent à merveille. Notre groupe est de retour,

il renoue avec ses premières amours, même si le style est plus Rock que Southern. On aime. « HEART’S GROWN COLD » un morceau de Nazareth, est bien Rock avec tout de même un petit côté FM. Années quatre vingt obligent.

Pas vraiment le meilleur titre de l’album, on va dire correct sans plus, dispensable.  « WE’RE GOIN’ DOWN » est vraiment Hard. Puissant, il dépote comme un troupeau de bisous lancé à pleine vitesse. On note la présence de l’orgue tout au long du titre, associé à la brutalité de la guitare, c

cela donne un ensemble des plus cohérent. Certainement un des morceaux les plus violents du groupe.

MEDLOCKE est vraiment déchaîné, il propulse très haut le morceau de la voix et de son instrument. « TEENAGE IDOL » comme pour le premier titre commence par des claviers qui introduisent un excellent exemple du nouveau BLACKFOOT.

Et le résultat est des plus réjouissant, un superbe Rock Mélodique, et une fois de plus le morceau reste dans la tête après son écoute. Une vraie réussite, même sans être fan de Rock un peu FM, qui plus est, le refrain est imparable, et les nappes de synthés passent très bien.

« GOIN’ IN CIRCLES » revient vers un Hard typé années

quatre vingt, pas désagréable, mais un peu bateau. Déjà vu, déjà entendu, mais pas mauvais du tout. « RUN FOR COVER » est un peu dans la même veine, Un bon Rock tendance FM,

possédant une fois de plus un refrain des plus réussi.  Facile oui peut-être, mais efficace. « WHITE MAN’S LAND »  les coiffes Indiennes sont ressorties pour notre plus grand plaisir,

BLACKFOOT is back ! Il chevauche de nouveau parmi les bisons et les mustangs. On pense à la trilogie, ce titre aurait pu en faire parti. Les paroles évoquent le sort des Indiens (American First Nativs, comme ils désirent être appelés dorénavant)

L’intro rappelle la musique indienne, et à entendre les riffs de guitares, le chant, et la batterie, les Indiens sont sur le sentier de la guerre. Encore un titre excessivement puissant et énergique, en somme du vrai BLACKFOOT. L’album se poursuit avec « SAIL AWAY », gros son de guitare, riff bien puissant, ça pulse, tout en installant un climat légèrement mélancolique, avec de faux airs de Van Halen. Les chorus de guitares sont superbes et inspirés.

Pour un bon morceau, c’est un bon morceau, qui voit le groupe au meilleur de sa forme, en pleine possession de ses moyens. « DRIVIN’ FOOL »  est le dernier morceau de l’album,

et il le termine avec fougue et puissance.

Les guitares cavalcadent sur la musique comme des purs sang dans la plaine. Malgré l’arrivée de KEN HENSLEY, BLACKFOOT n’a pas perdu son âme. Certes sa musique s’est quelque peu FMisée, on l’entend sur certains titres, mais la fougue, l’entrain sont toujours bien vivants. « SIOGO » il est vrai s’écarte des standards du Southern Rock, mais c’est pour mieux se renouveler. Le groupe répondait à une exigence artistique, malgré tout quelques morceaux demeurent dans la veine originale de BLACKFOOT. Pourtant le succès n’est pas vraiment au rendez-vous, les ventes sont moroses,

et l’album n’est que quatre vingt deuxième dans le Top américain, et vingt huitième dans le Top Anglais.  Pourtant, avec le temps écoulé depuis sa sortie, « SIOGO » a retrouvé sa place dans le cœur des fans, pour certains, il serait même leur plus bel album. On vieillit, les goûts changent, et on finit par aimer ce que l’on a détesté, c’est la vie. Personnellement j’ai tout de suite accroché cet album, il m’a plus dès sa première écoute, et c’est encore avec un immense plaisir que je « jette » mes oreilles dessus.

 

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